Pourquoi certains gros buveurs développent des maladies du foie comme la stéatose hépatique, et d’autres non, alors qu’ils consomment la même quantité d’alcool ? C’est la question que se sont posés les chercheurs de l’université de Californie du Sud.
La différence entre ces patients pourrait résider dans trois troubles bien connus : le diabète, l’hypertension et un tour de taille élevé. L’équipe a détaillé sa découverte dans une étude publiée dans la revue Clinical Gastroenterology and Hepatology, le 3 février 2025.
Hypertension, diabète et tour de taille : 3 facteurs de risque pour le foie des buveurs
Pour déterminer quels facteurs de risque prédisposaient le foie aux dommages causés par l’alcool, les scientifiques ont repris les données d’une vaste étude sur la santé et la nutrition comptant plus de 40.000 participants. Lors de ces travaux, la consommation excessive d’alcool correspondait à 1,5 verre par jour pour les femmes (20 g) et de deux verres par jour pour les hommes (30 g). Le tour de taille était également noté. Il était considéré comme élevé au-delà de 88 cm pour les femmes et de 101 pour les hommes.
Les analyses ont montré que les gros buveurs diabétiques ou qui avaient un tour de taille trop important, étaient 2,4 fois plus susceptibles de souffrir d’une maladie hépatique avancée. Les participants qui consommaient beaucoup d'alcool diagnostiqués avec une hypertension avaient 1,8 fois de risque de développer des troubles au foie.
En revanche, les deux autres facteurs de risque cardiométaboliques étudiés – un taux élevé de triglycérides et un faible taux de bon cholestérol présentaient pour leur part des corrélations moins significatives avec les maladies hépatiques.
"Les résultats identifient un segment de la population à très haut risque sujet aux maladies du foie et suggèrent que des problèmes de santé préexistants peuvent avoir un impact important sur la façon dont l'alcool affecte le foie", souligne le Dr Brian P. Lee, hépatologue et chercheur principal de l'étude dans un communiqué.
Alcool et troubles cardiométaboliques : une voie commune dans le foie ?
Si l’étude a mis en lumière les trois facteurs de risque cardiométaboliques pouvant mettre le foie des buveurs en danger, elle n’explique pas l’origine de ce lien. Toutefois, le Dr Lee a avancé une hypothèse. Il suppose que "ces conditions partagent une voie commune vers l'accumulation de graisses dans le foie qui, lorsqu'elle est combinée à des dépôts de graisse supplémentaires dans le foie dus à l'excès d'alcool, peut causer des dommages importants".
Si ces résultats aident à comprendre les différences observées entre les patients, l’expert ajoute qu’à aucun moment, ils signifient que les personnes ne présentant pas ces trois troubles cardiométaboliques peuvent consommer de grandes quantités d’alcool sans danger. "Nous savons que l’alcool est toxique pour le foie et que tous les gros buveurs risquent de développer une maladie hépatique avancée", rappelle-t-il.
Selon le chercheur et son équipe, l’étude pourrait aider les professionnels de santé à repérer et à prendre en charge plus rapidement les personnes à risque de développer des lésions hépatiques dangereuses.