- Une récente étude révèle que l'attention sélective et la reconnaissance des émotions sont affectées par la pollution atmosphérique.
- Les déficits cognitifs ont été observés chez les participants ayant respiré normalement ou uniquement par la bouche.
- Cela se ferait "par le biais des mécanismes poumon-cerveau, soit directement, soit indirectement".
"Des données récentes suggèrent que l'exposition à court terme à la pollution atmosphérique par les particules peut avoir un impact sur les fonctions cérébrales après un certain délai. On ne sait pas si les effets sont principalement dus aux voies olfactives ou pulmonaires-cérébrales", ont indiqué des chercheurs des universités de Birmingham et de Manchester (Royaume-Uni). Pour en avoir le cœur net, ils ont réalisé une étude au cours de laquelle 26 personnes, âgées en moyenne de 27 ans, ont été soumises à quatre conditions. Les participants ont été exposés soit à des concentrations élevées de particules fines PM2,5, soit à de l'air pur pendant une heure, en utilisant l'inhalation normale ou l'inhalation nasale restreinte et l'olfaction à l'aide d'un pince-nez. Ensuite, ces derniers ont effectué quatre tests cognitifs avant et quatre heures après l'exposition.
Mémoire de travail, attention sélective, vitesse psychomotrice… Des tests pour les évaluer
Le but des scientifiques ? Évaluer leur fonctionnement cognitif. Plus précisément, ils se sont concentrés sur l'attention sélective qui facilite la prise de décision et le comportement orienté vers un objectif, comme le fait de donner la priorité aux produits figurant sur la liste de courses au supermarché, tout en ignorant les autres produits et en résistant aux achats impulsifs. Ensuite, la mémoire de travail est vitale pour les tâches nécessitant un traitement et un stockage simultanés, et essentielle pour les tâches nécessitant un traitement multitâche, telles que la planification d'un emploi du temps ou la gestion de plusieurs conversations. Enfin, la cognition socio-émotionnelle, qui consiste à détecter et à interpréter nos propres émotions et celles chez les autres, aide à guider un comportement socialement acceptable. Ces compétences cognitives distinctes fonctionnent ensemble pour permettre de mener à bien des tâches au travail et dans d'autres aspects de la vie.
La pollution affecte l'attention sélective et la reconnaissance des émotions "par le biais des mécanismes poumon-cerveau"
Les résultats, publiés dans la revue Nature Communications, ont montré des réductions significatives de l'attention sélective et de la reconnaissance des émotions après une exposition accrue aux particules par rapport à une exposition à l'air pur. Ces déficits, causés par une inflammation selon les auteurs, ont été observés chez les volontaires ayant respiré normalement ou uniquement par la bouche. La qualité de l'air n'a pas eu d'impact significatif sur la vigilance psychomotrice ou la performance de la mémoire de travail. "La méthode d'inhalation n'a pas eu d'effet médiateur significatif, ce qui suggère que la pollution à court terme par les particules affecte la fonction cognitive par le biais des mécanismes poumon-cerveau, soit directement, soit indirectement", peut-on lire dans les recherches.
Face à ces données, les chercheurs soulignent davantage le besoin urgent de réglementations plus strictes en matière de qualité de l'air et de mesures de santé publique pour lutter contre les effets néfastes de la pollution sur la santé cérébrale, en particulier dans les zones urbaines très polluées. Ils estiment que des travaux supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les voies par lesquelles la pollution atmosphérique affecte les fonctions cognitives et pour explorer les impacts à long terme, en particulier sur les populations vulnérables, telles que les enfants et les personnes âgées.