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Addictions

Cannabis : plus de risque de décès, de psychose et de schizophrénie

Par Diane Cacciarella

Selon deux nouvelles études, la consommation de cannabis augmenterait le risque de décès, de psychose et de schizophrénie. 

24K-Production/iStock
Les consommateurs “Cannabis Use Disorder” (CUD) développent un trouble et sont incapables d'arrêter de consommer du cannabis, même si cela leur cause des problèmes de santé et sociaux dans leur vie.
Ceux-ci ont un risque de décès presque trois fois plus élevé sur cinq ans, comparativement à la population générale.
Au Canada, depuis la légalisation du cannabis, le taux global de schizophrénie est resté stable mais le taux de psychose (sans schizophrénie) a presque doublé.

En France, 900.000 personnes âgées de 11 à 75 ans consomment quotidiennement du cannabis, selon la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA). Parmi ces usagers, certains sont classés par les “Cannabis Use Disorder” (CUD), c’est-à-dire qu’ils développent un trouble et qu’ils sont incapables d'arrêter de consommer du cannabis, même si cela leur cause des problèmes de santé et sociaux dans leur vie, d’après la définition des centres américains de contrôle des maladies (CDC).

Un risque de décès presque trois fois plus élevé

Cette consommation peut être dangereuse voire mortelle. Dans une nouvelle étude, publiée dans la revue JAMA Network Open, des chercheurs montrent que les usagers CUD ont un risque de décès 2,8 fois plus élevé sur cinq ans, comparativement à la population générale.

Pour parvenir à ce résultat, les scientifiques ont étudié les dossiers de consommateurs CUD traités dans des hôpitaux canadiens. Durant leurs travaux, ils ont aussi découvert que ces patients étaient 10 fois plus susceptibles de se suicider que le reste de la population et qu’ils avaient aussi plus de risque de décès par traumatisme, intoxication médicamenteuse ou cancer du poumon.

Publiée dans la même revue, une autre étude montre les conséquences néfastes de la consommation de cannabis. Pour cela, les scientifiques ont aussi choisi de mener leurs travaux au Canada, qui a légalisé la marijuana récréative en 2018. Ils ont ainsi analysé les dossiers médicaux de 106.994 personnes diagnostiquées comme CUD. 

De manière globale, ils ont observé trois principaux résultats : 

- 3,5 % des consommateurs CUD sont décédés dans les cinq ans suivant le traitement, contre 0,6 % d'un groupe similaire de personnes non CUD;

- Les patients CUD présentaient un risque de décès 2,8 fois plus élevé que la population générale, soit le même résultat que la précédente étude.

- Les adultes âgés de 25 à 44 ans présentaient un risque de décès prématuré plus élevé.

Hausse des cas de psychose avec la légalisation

Mais pour étudier plus précisément l'impact de la légalisation du cannabis au Canada sur les taux de psychose et de schizophrénie, ils ont distingué trois périodes : 2006-2015 (avant la légalisation du cannabis), 2015-2018 (utilisation croissante du cannabis médical et non médical) et 2018-2022 (après la légalisation). Ainsi ils ont observé que : 

- Le taux global de schizophrénie est resté stable sur toutes les périodes

- Les personnes CUD ont augmenté : de 3,7 % à 10,3 % après la légalisation.

- Le taux de psychose (sans schizophrénie) a presque doublé.

Parmi ces patients, les adultes âgés de 19 à 24 ans étaient les plus touchés.

Nous estimons que pour chaque personne traitée pour CUD, trois autres n'ont pas cherché à se faire soigner, explique le Dr Daniel Myran, principal auteur, au New York Times. Il ne s'agit donc pas seulement des CUD, mais d'un problème suffisamment grave pour que les personnes aient cherché à se faire soigner”.

Dans cette étude, les chercheurs n’ont pas réussi à déterminer si le cannabis lui-même augmentait directement le risque de décès, ou s'il était lié à des facteurs de style de vie et de santé courants chez les gros consommateurs. "Quoi qu'il en soit, ce groupe présente un risque vraiment très élevé et pourrait bénéficier d'une intervention, d'un suivi et d'une prévention", souligne le Dr Daniel Myran.

D'après les chercheurs, ces résultats viennent aussi du fait que la marijuana d’aujourd’hui est bien plus puissante que celle que consommaient les générations précédentes. En effet, selon la MILDECA, “la résine de cannabis est en moyenne 4 fois plus concentrée en THC en 2018 qu’il y a 20 ans par exemple”.