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Psychiatrie

Anxiété : le rôle des bactéries intestinales

Par Diane Cacciarella

Selon une nouvelle étude, les bactéries intestinales et certains métabolites qu’elles produisent, comme l’indole, réduisent l’anxiété.

Oleksandra Troian/iStock
Lors d’une expérience, des chercheurs ont observé que les souris sans bactéries intestinales étaient plus anxieuses que celles qui en avaient.
Les cellules cérébrales étaient plus actives chez les souris sans bactéries intestinales que chez les autres.
Quand les scientifiques ont administré des bactéries intestinales ou de l’indole (un métabolite produit par le microbiote), les comportements anxieux des souris ont diminués.

Ce pourrait être un nouveau bénéfice du microbiote : la lutte contre l’anxiété. Selon une étude récemment publiée dans la revue EMBO Molecular Medicine, les bactéries intestinales et les métabolites qu’elles produisent peuvent réduire l’anxiété. 

L’absence de bactéries intestinales augmente l’anxiété

Nos résultats montrent le processus neuronal spécifique et complexe qui relie les microbes à la santé mentale, explique le professeur Shawn Je, l’un des auteurs, dans un communiqué. Les sujets sans bactéries avaient des comportement plus anxieux que ceux avec des bactéries vivantes. Essentiellement, l’absence de ces bactéries a perturbé le fonctionnement de leur cerveau, en particulier dans les zones qui contrôlent la peur et l’anxiété”.

Lors de leurs travaux, les scientifiques ont étudié deux groupes de souris. Dans le premier, les rongeurs avaient des bactéries intestinales, alors que dans le second, ils n’en avaient pas. La première étape de l’étude était de mesurer leurs niveaux d’anxiété grâce à des expériences. L’une d’entre elles consistait à mettre les rongeurs dans une grande boîte dans laquelle se trouvaient des zones ouvertes et des espaces clos. Les chercheurs ont ainsi observé que les souris du second groupe (sans bactéries intestinales) ont passé beaucoup plus de temps à se cacher dans des zones fermées et ont fait moins de voyages dans les espaces ouverts, comparativement aux rongeurs du premier groupe. Ces deux comportements étaient des signes d’anxiété.

En parallèle, ils ont étudié le cerveau des souris pour comprendre l’impact de l’anxiété sur cet organe. Ainsi, ils ont découvert que les cellules cérébrales des rongeurs du second groupe étaient beaucoup plus actives que chez les autres. D’après leurs recherches, cela est dû à des problèmes avec des protéines spécifiques appelées canaux SK2. Ces canaux agissent normalement comme un système de freinage pour les cellules cérébrales, les empêchant de devenir trop actives. Chez les souris sans bactéries intestinales, ces canaux ne fonctionnaient pas correctement, ce qui entraînait une hyperactivité des cellules cérébrales.

Le rôle d’un métabolite pour réduire l’anxiété

Pour confirmer cette découverte, les scientifiques ont mené une autre expérience, uniquement avec les souris sans bactéries. Celles-ci ont été séparées en deux sous-groupes qui ont reçu des traitements différents : 

- Des bactéries intestinales pour le premier sous-groupe 

- De l’indole, un métabolite produit par le microbiote, pour le second sous-groupe

Résultat, les deux traitements ont permis de normaliser l’activité des cellules cérébrales et de réduire les comportements anxieux.

À terme, ces travaux pourraient donc permettre le développement de nouveaux traitements, à base d’indole par exemple. Une avancée car, actuellement, les médicaments pour lutter contre troubles anxieux permettent de soulager la plupart des patients, mais ne les guérissent que rarement.