- L’aphasie est un trouble du langage pouvant entraîner une perte partielle ou totale de la parole, avec des difficultés pour communiquer oralement et écrire.
- Des chercheurs ont mis au point un nouvel outil, basé sur l’intelligence artificielle (IA), qui permet de traduire les pensées en texte.
- À terme, les scientifiques espèrent que cet outil pourra être utilisé par les personnes atteintes d’aphasie pour les aider à communiquer.
En France, l’aphasie touche près de 300.000 personnes chaque année. Les gens qui sont atteints de ce trouble du langage peuvent subir une perte partielle ou totale de la parole, avec des difficultés pour communiquer oralement et écrire. L’aphasie fait généralement suite à un accident vasculaire cérébral (AVC), un traumatisme crânien, une tumeur cérébrale, une maladie dégénérative ou une infection au niveau du cerveau.
Un outil d’intelligence artificielle pour traduire les pensées à l’écrit
Des chercheurs de l'Université du Texas, à Austin, aux États-Unis, viennent de mettre au point un nouvel outil, basé sur l’intelligence artificielle (IA), qui pourrait permettre, à terme, de traduire les pensées de personnes atteintes d’aphasie en texte. Ainsi, ces patients communiqueraient plus facilement avec leur entourage. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Current Biology.
Dans de précédentes recherches, les scientifiques avaient déjà mis au point cet outil basé sur l’IA. Ce premier modèle était déjà capable de traduire l'activité cérébrale d'une personne en texte. Mais l'algorithme avait besoin d’un apprentissage de 16 heures. Pendant ce temps, le patient devait rester immobile dans un scanner en écoutant des podcasts… Une durée bien trop longue pour les patients atteints d’aphasie.
Dans cette nouvelle version, les chercheurs ont amélioré le temps d’apprentissage. L’algorithme n’a plus besoin que d’une seule heure avec le patient. Cette rapidité vient du fait que, désormais, l’IA calque l'activité cérébrale d'une nouvelle personne sur le cerveau d'un patient dont l'activité a été précédemment utilisée pour entraîner le décodeur cérébral. Avec cette base, l’outil parvient au même résultat mais beaucoup plus rapidement.
Prochaine étape, le test avec des patients atteints d’aphasie
"[Cet outil] montre un profond chevauchement entre ce qui se passe dans le cerveau lorsque vous écoutez quelqu'un vous raconter une histoire et ce qui se passe dans le cerveau lorsque vous regardez une vidéo qui raconte une histoire, indique Alex Huth, principal auteur, dans un communiqué. Notre cerveau traite les deux types d'histoires de la même manière. Cela nous indique également que ce que nous décodons n'est pas réellement du langage. Ce sont des représentations de quelque chose au-dessus du niveau du langage qui ne sont pas liées à la modalité de l'entrée." Les pensées transcendent donc le langage car l’outil se sert de données provenant du cerveau, qui n’ont pas été traduites en parole.
L’une des limites de cette étude est que les participants n’étaient pas atteints d’aphasie. Mais, durant leurs travaux, les chercheurs ont imité les schémas de lésions cérébrales des personnes aphasiques et ont montré que le décodeur était capable de traduire la pensée en texte. Même si cela reste à prouver en menant des études sur des personnes atteintes d’aphasie, les chercheurs sont persuadés que leur outil fonctionnera sur ce public cible.
"C’est amusant et gratifiant de réfléchir à la manière de créer l'interface la plus utile et de rendre [l’apprentissage de l’outil] le plus simple possible pour les participants, indique Jerry Tang, l’un des auteurs. Je suis vraiment ravi de continuer à travailler sur la façon dont notre décodeur peut être utilisé pour aider les gens."