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Psychologie

Familles monoparentales : «Bien que ça ne remplace pas un père, nourrir d’autres liens affectifs peut aider l’enfant»

D’après une récente étude de la Drees, un quart des enfants de moins de 6 ans vivant avec leur mère n’ont aucun contact avec leur père. Julie Scouppe, psychologue spécialisée dans l’enfance, nous explique comment cette situation peut avoir un impact sur le développement des tout-petits.

Familles monoparentales : \ standret/iStock




L'ESSENTIEL
  • Fin 2021, 130.000 enfants français vivant en famille monoparentale n’ont aucun contact avec leur père.
  • "En cas d’absence d’un parent, il y a forcément un "impact émotionnel" étant donné qu’il "existe un manque", selon la psychologue spécialisée dans l’enfance, Julie Scouppe.
  • Pour pallier le manque, elle conseille d’aider les jeunes à créer et "nourrir d’autres liens affectifs" en les laissant passer plus de temps avec leurs camarades ou les membres de leur famille.

517.000. C’est le nombre d’enfants de moins de 6 ans vivant dans une famille monoparentale, c’est-à-dire constituée d’un parent ou d’une personne qui assume seule la charge d’au moins un enfant privé de l’aide d’un ou de ses deux parents, fin 2021. Cette donnée a été dévoilée par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES). Dans un rapport, publié le 30 janvier dernier, elle a précisé que pour ces jeunes, la résidence alternée, soit le fait d’habiter de manière équilibrée au domicile des deux parents, est peu répandue, car le plus souvent, les tout-petits vivent majoritairement chez leur mère (83 %). "Dans ce cas, la prise en charge de l’enfant par le père est très variable. Ainsi, 25 % des enfants de moins de 6 ans vivant en famille monoparentale – soit environ 130.000 – n’ont aucun contact avec leur père. Pour ces derniers, la séparation des parents est plus souvent précoce et la situation économique des familles, plus précaire."

Dans ce contexte, le développement de l’enfant peut être mis à rude épreuve, selon la psychologue spécialisée dans l’enfance, Julie Scouppe. "En cas d’absence d’un parent, ici du père, il existe un manque. Ainsi, il y a forcément un impact émotionnel. Cependant, son ampleur va dépendre de la manière dont le parent présent parle de cette situation. Par exemple, si la mère dit à son enfant que son père est une personne horrible, les a abandonnés et laissés seuls en difficulté, cela ne va pas l’aider. En revanche, si elle lui indique qu’ils se sont séparés, car ils ne sont plus amoureux ou que le père est malade, donc il ne peut, et non ne veut, pas être avec lui et s’en occuper, le retentissement n’est pas le même."

Grands-parents, oncles, cousins : l’enfant a besoin de créer "des liens avec d’autres figures d'attachement"

Autre facteur à prendre en compte : l’entourage de la mère. "Si la femme est isolée, l’enfant va plus être affecté par l’absence de son père. Toutefois, si le tout-petit est entouré de ses grands-parents, oncles, tantes et cousins, il va créer des liens avec d’autres figures d'attachement, et c’est ce dont il a besoin", explique la spécialiste. C’est le cas pour 35 % des jeunes enfants de familles monoparentales qui sont confiés à un proche au moins une fois dans la semaine, d’après l’étude française. Plus précisément, ce sont les grands-parents qui sont sollicités dans 25 % des cas.

"La garde des jeunes enfants par leur(s) frère(s) et/ou sœur(s) est une situation minoritaire mais bien plus répandue dans les familles monoparentales", souligne la Drees. Julie Scouppe indique qu’il n’est pas si grave si un adolescent de 17 ans, stable et mature, garde une fois de temps en temps, sans que cela ne le prive de voir ses amis, son petit frère ou sa petite sœur. "Néanmoins, si cette énorme responsabilité est portée par un enfant de 8 ou 10 ans, ce n’est pas bon, car il est beaucoup trop jeune. En lui donnant ce type de préoccupations, on lui enlève son insouciance et il va mûrir plus vite."

"Devoir de visite" pour les pères : "C’est délicat !"

Interrogé par le magazine Elle en mai 2024, Emmanuel Macron avait révélé vouloir remplacer le "droit de visite" par un "devoir de visite", soit un "devoir d'accompagnement jusqu'à l'âge adulte", pour les pères de familles monoparentales. "C’est délicat ! Cela peut être bénéfique pour faire prendre conscience aux pères des conséquences de leur absence, mais le forcer à voir son enfant n’est pas une bonne idée. Cette condition n’est pas la meilleure pour créer un lien, car le jeune va sentir que ce dernier le fait par obligation, et pour ne pas être sanctionné, ce qui va amener l’enfant à perdre encore plus confiance en lui et à avoir une mauvaise estime de lui, ce qui peut être problématique pour ses futures relations."

Si un enfant est trop affecté par l’absence d’un parent, la psychologue conseille, dans un premier temps, de déterminer ce qui le bouleverse et comment il vit la situation. "Certains enfants se sentent responsables de la séparation de leurs parents. Dans ce cas, il faut le faire déculpabiliser et le rassurer en lui expliquant que ce n’est pas de sa faute." En parallèle, la personne qui assume seule la charge de l’enfant peut essayer de l’inscrire à des activités extrascolaires ou lui faire passer plus de temps avec les autres élèves. "Bien que ça ne remplace pas un père, nourrir d’autres liens affectifs peut aider l’enfant. Si la détresse persiste, il convient de consulter un spécialiste."

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