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Santé mentale

Pandémie : ce trait de personnalité en a aidé certains à mieux supporter la crise

Par Sophie Raffin

Les personnes enjouées ont mieux supporté l'incertitude de la pandémie de la Covid-19. Des chercheurs ont compris les mécanismes qui les aidaient à affronter les crises plus sereinement.

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Les personnes enjouées ont mieux supporté la pandémie.
Les chercheurs ont démontré qu'elles ne minimisaient pas les risques, mais leur trait de caractère leur permettait de résoudre leurs difficultés de façon plus créative.
Consacrer 5 à 10 min à des activités ludiques et plaisantes par jour aide à développer une nature plus enjouée.

En plus des contaminations et des décès, la pandémie de Covid-19 a aussi mis à mal la santé mentale de très nombreuses personnes. Toutefois, certaines ont mieux supporté cette période difficile. Et les chercheurs de l’université d’Etat de l’Oregon (USO) ont découvert leur particularité : elles sont de nature enjouée. Et ce trait de caractère peut s’apprendre, selon une étude parue dans Frontiers in Psychology.

"Comprendre comment les personnes enjouées font face à l’adversité peut éclairer les interventions et les stratégies visant à aider les gens à faire face au stress et à l’incertitude", explique Xiangyou Sharon Shen de l’USO et directrice du laboratoire de recherche sur la santé, l’environnement et les loisirs (HEAL). "Cela est particulièrement pertinent à l’heure où nous sommes confrontés à des défis mondiaux croissants…"

Être enjoué aide à résoudre les problèmes de façon plus créative

Pour cette étude tentant de comprendre les mécanismes de défense des personnes enjouées, les chercheurs ont réuni plus de 500 adultes habitant les USA. Ils ont été divisés en deux groupes : ceux ayant des niveaux plus élevés de gaieté mesurés par des tests reconnus, et ceux affichant des niveaux plus faibles. Ils ont tous répondu à divers questionnaires sur la perception de leur environnement, leurs comportements et leurs ressentis pendant l’épidémie de la Covid-19.

"(Les personnes catégorisées enjouées) partageaient des perceptions similaires des facteurs de risque et de protection que leurs pairs moins "joueurs", mais faisaient preuve d’un plus grand optimisme lorsqu'elles envisageaient des possibilités futures, s’engageaient dans une résolution de problèmes plus créative et parvenaient à insuffler de la qualité et du plaisir dans les activités quotidiennes", précise la directrice de l’étude dans un communiqué. "Ils ont activement modifié les situations difficiles, trouvé des substituts créatifs à ce qui avait été perdu, considéré les obstacles comme des opportunités de croissance et conservé un fort sentiment de contrôle sur leurs réponses."

Autre constat : même si les personnes de nature positive ne faisaient pas nécessairement des activités différentes ou plus fréquentes que les moins enjouées, elles les vivaient avec plus de plaisir et d’intensité. "Leur combinaison unique d’évaluation réaliste et de résolution flexible des problèmes s’est révélé être une formule puissante, offrant une démonstration vivante de la façon dont les traits de personnalité comme être enjoué façonnent nos réponses au stress", indique la chercheuse.

Comment devenir plus enjoué ?

Attention aux idées reçues, les personnes enjouées ne vivent pas dans “un monde de bisounours”. Elles ont une plus grande capacité à voir le bon côté des choses tout en s'appuyant sur un "réalisme lucide". Comme les autres participants, ces volontaires optimistes avaient ainsi parfaitement conscience des risques et des défis liés à la Covid-19.

"Le fait d’être de nature enjouée ne déforme pas la réalité, il l’améliore", estime la Pr Shen. "Et même si notre étude s’est concentrée sur la mesure plutôt que sur le développement de l’enjouement, les recherches suggèrent plusieurs approches pour cultiver cette qualité."

Elle conseille par exemple de :

"Bien sûr, l’interprétation de ce qui est approprié peut varier, et le fait de connaître les limites rend le jeu plus amusant", ajoute la scientifique. "La clé de tout cela est de se concentrer sur la qualité de l’engagement plutôt que de simplement faire ce que l’on pourrait appeler des activités ludiques. Le véritable plaisir de jouer ne nécessite pas de terrain de jeu, de jeux ou de jouets. Il s’agit d’apporter un esprit d’ouverture, de flexibilité et de plaisir aux moments de la vie quotidienne." Ainsi, elle conseille de consacrer cinq à dix minutes par jour aux jeux - qu’ils soient en solo ou en groupe - même dans les périodes difficiles et mouvementées.