- Le virus mpox, autrefois localisé en Afrique, s’étend mondialement et résiste au traitement principal, le tecovirimat. Des chercheurs de l’Institut Pasteur ont identifié que cette résistance provient de mutations sur l’enzyme F13, empêchant l’action du médicament.
- "Nous avons démontré que le tecovirimat agit comme une sorte de glue qui assemble deux phospholipases F13 entre elles et qui l'empêche de remplir son rôle dans la dissémination des particules virales", explique Pablo Guardado-Calvo.
- Ces découvertes ouvrent la voie à de nouveaux antiviraux pour mieux lutter contre le mpox, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré en août 2024 une nouvelle urgence de santé publique de portée internationale. En France, la Haute autorité de santé (HAS) a mis à jour les recommandations vaccinales.
Le virus mpox, initialement présent chez l’animal et autrefois confiné aux zones endémiques d’Afrique, circule désormais chez l’être humain et à l’échelle mondiale. La maladie débute par une phase fébrile (courbatures, céphalées, fatigue...) suivie d’éruptions cutanées sur l’ensemble du corps. Depuis 2022, des épidémies successives ont émergé, y compris en France, où 215 cas ont été signalés en 2024 et 10 depuis le 1er janvier 2025. Face à cette recrudescence, des scientifiques de l’Institut Pasteur explorent de nouvelles options thérapeutiques, notamment en raison de la résistance croissante du virus au principal antiviral utilisé : le tecovirimat. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature Microbiology.
Une résistance du virus décryptée
Si le tecovirimat, bien toléré, bloque la propagation du virus mpox, certains variants présentent toutefois des mutations qui le rendent inefficace. En 2022, aux Etats-Unis, environ 1% des patients traités au tecovirimat ont développé des résistances au médicament. "L’objectif était de mieux comprendre les raisons de la résistance au traitement de certains variants du virus", indique Pablo Guardado-Calvo, responsable de l’unité de Biologie structurale des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur.
Confirmant des études antérieures, les chercheurs ont d’abord observé que les variants mpox résistants au tecovirimat possèdent tous des mutations au niveau de la phospholipase F13, une enzyme clé dans la formation de l’enveloppe externe de la particule virale. L’hypothèse était donc que le médicament interagit avec l’enzyme F13 pour bloquer l’infection, blocage impossible lorsque cette enzyme est mutée.
"Nous avons donc analysé la structure de la phospholipase F13 ce qui nous a permis de préciser les interactions entre le médicament et l’enzyme, explique Pablo Guardado- Calvo. Nous avons démontré que le tecovirimat agit comme une sorte de glue qui assemble deux phospholipases F13 entre elles et qui l'empêche de remplir son rôle dans la dissémination des particules virales." Leurs travaux ont ainsi permis d’expliquer le mode d’action du médicament et de comprendre pourquoi les variants portant ces mutations rendent le traitement antiviral inefficace.
Une urgence de santé publique
Ces découvertes ouvrent la voie à de nouveaux traitements antiviraux. "Il reste encore beaucoup de points mystérieux dans l’action du tecovirimat mais notre étude permet de franchir une première étape, estime Pablo Guardado-Calvo. Cette compréhension est essentielle pour le développement de nouvelles approches thérapeutiques, efficaces quelles que soient les souches de mpox." Les chercheurs de l’Institut Pasteur poursuivent leurs travaux pour développer de nouvelles molécules capables de contourner ces mutations et de mieux lutter contre les infections mpox.
Du fait d’une propagation accrue en République Démocratique du Congo et dans plusieurs pays voisins depuis plusieurs mois, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré en août 2024 une nouvelle urgence de santé publique de portée internationale. En France, la Haute autorité de santé (HAS) a de son côté mis à jour ses recommandations vaccinales pour les personnes les plus à risque.