- L'anhédonie musicale est un trouble neurologique caractérisé par une incapacité à ressentir du plaisir en écoutant de la musique.
- Toutefois, une étude montre que les personnes touchées ont envie de bouger quand elles entendent de la musique.
- Ainsi pour les chercheurs, le plaisir tiré de la musique et l'envie de bouger ne seraient pas toujours liés.
Un pied battant la mesure, une tête secouée avec rythme, un corps ondulant en fonction des notes… Tous ces mouvements sont vus comme des signes d’appréciation de la musique. Mais, des chercheurs de Concordia ont mis en évidence que ce n’était pas forcément le cas. L’envie de “groover” serait une réponse physiologique indépendante de l’appréciation que l’on a de la musique, selon leurs travaux publiés dans la revue PLOS One.
Ils ont mis ce phénomène en lumière en étudiant des personnes atteintes d'anhédonie musicale. Il s’agit d’un trouble cérébral qui se caractérise par une incapacité à ressentir du plaisir lors de l’écoute d’une musique.
L’envie de bouger ne dépend pas de l'appréciation de la musique
Pour déterminer si le plaisir et l’envie de bouger en écoutant de la musique étaient deux éléments indépendants l’un de l’autre, l’équipe a fait écouter 50 courts morceaux de musique à des personnes souffrant d’anhédonie musicale et à des volontaires sans trouble. Certaines mélodies proposaient des rythmes complexes et d’autres non.
Après chaque morceau, tous les participants devaient évaluer le plaisir qu’ils ressentaient et à quel point cela leur donnait envie de bouger.
L’analyse des résultats n'a montré aucune différence concernant l’envie de bouger entre les personnes anhédoniques et celles qui peuvent écouter de la musique avec plaisir. Pour les chercheurs, cela suggère que la sensation de plaisir atténuée observée chez les volontaires atteints d'anhédonie musicale est compensée par l’envie de bouger.
"Plus généralement, cela suggère que l’envie de bouger peut elle-même générer du plaisir", note Isaac Romkey, l’auteur principal de l’étude, dans un communiqué.
Anhédonie musicale : entre 3 et 5 % des gens touchés
L'anhédonie musicale est un trouble neurologique rare qui affecte 3 à 5 % de la population mondiale. Si les causes de cette incapacité à apprécier la musique restent encore assez mystérieuses, Isaak Romkey avance pour sa part qu’il s’agit d’un trouble héréditaire. Il a également une hypothèse concernant l’absence de lien possible entre l’envie de bouger et le plaisir d’écouter de la musique : "L'envie de bouger a été liée au striatum dorsal, une partie du cerveau liée aux fonctions motrices, tandis que le plaisir est davantage associé au striatum ventral, qui régule la récompense, la motivation et le comportement orienté vers un objectif", explique le chercheur.
"Pour les études futures, nous allons examiner les différences de connectivité fonctionnelle et structurelle dans le cerveau entre les anhédoniques et les témoins dans le striatum dorsal et ventral en utilisant des techniques d'imagerie, notamment l'IRM et la magnétoencéphalographie", ajoute-t-il.