L'alopécie fibrosante frontale est une forme inflammatoire et cicatricielle de perte de cheveux de prévalence croissante qui touche le plus souvent les femmes. "En effet, depuis que la maladie a été décrite en 1994, le nombre de personnes touchées a augmenté de façon spectaculaire", a déclaré Christos Tziotzios, maître de conférences à l'Institut de dermatologie St John's du King's College de Londres. Pour pouvoir la traiter efficacement, il convient de mieux comprendre la base génétique de l’affection et identifier les mécanismes pathogènes afin de les cibler. C’est pourquoi le chercheur et son équipe ont mené une étude parue dans la revue JAMA Dermatology. Dans le cadre des travaux, ils ont voulu identifier de nouveaux loci génomiques au niveau desquels une variation génétique commune affecte la sensibilité à l'alopécie fibrosante frontale. Pour cela, ils ont passé en revue quatre recherches comprenant 6.668 femmes européennes. Parmi elles, 1.585 personnes présentaient une alopécie fibrosante frontale et 5.083 étaient des patients témoins.
Alopécie : des différences génétiques spécifiques qui interagissent avec ERAP1
En examinant un groupe de gènes immunitaires, connu sous le nom de "complexe majeur d'histocompatibilité", qui aide le système immunitaire à reconnaître les substances étrangères, les auteurs ont identifié des différences génétiques spécifiques qui augmentent le risque d’alopécie fibrosante frontale. "Des associations significatives à l'échelle du génome ont été identifiées sur 4 loci génomiques, dont un nouveau locus de susceptibilité au niveau du 5q15, et le signal d'association a pu être cartographié avec précision sur une seule substitution nucléotidique dans la région de ERAP1", peut-on lire dans les résultats. Cette interaction gène-gène est un phénomène rare en génétique humaine, connu sous le nom d'"épistasie". Cela signifie que le risque associé à un gène est modifié par un autre gène. Différentes versions des deux gènes impliqués dans cette interaction ont été observées dans d'autres maladies auto-immunes, notamment le psoriasis et la spondylarthrite ankylosante.
Vers un test génétique pour prédire le risque d'alopécie frontale fibrosante ?
Actuellement, les scientifiques étudient la possibilité d'un test génétique prédictif du risque d'alopécie frontale fibrosante, tout en explorant le potentiel de ciblage de l'ERAP1 avec des médicaments spécifiques comme nouveau moyen de traiter cette maladie. "Cette recherche est un grand pas en avant dans la compréhension de l'alopécie frontale fibrosante et des raisons pour lesquelles certaines personnes sont plus à risque. C'est une maladie qui peut être incroyablement pénible, et découvrir comment les gènes interagissent pour influencer ce risque pourrait nous aider à développer de meilleures façons de la prédire et de la traiter à l'avenir", a indiqué Phil Brady, directeur de la British Skin Foundation.