- À l’aide d’une cohorte de 367 mères, les chercheurs ont trouvé une association entre l’exposition à 3 PFAS et à une altération des structures indispensables aux échanges entre le sang maternel et le réseau vasculaire fœtal.
- “Concrètement, ces altérations suggèrent une moins bonne perfusion de l’organe et une diminution des échanges entre la mère et le fœtus, ce qui peut entraîner une baisse des apports en oxygène et en nutriments”, explique l’Inserm.
- L’équipe de chercheurs souhaite maintenant confirmer ces résultats avec une étude à plus grande échelle.
4.000 ? 6.000 ? 10.000 ? 14.000 ? Le nombre de PFAS (per- et polyfluoroalkylées) existants est inconnu. Ce dont on est sûr en revanche, c’est que ces polluants éternels sont omniprésents autour de nous, jusqu’à contaminer l’eau potable que nous buvons. Plusieurs chercheurs alertent sur les dangers qu’ils représentent : risque accru de cancer du rein, perturbation du système immunitaire, hausse du taux de cholestérol, infertilité ou encore retard de croissance. Dans une nouvelle étude réalisée par l’Inserm, l’Université Grenoble Alpes (UGA), le CEA et le centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes (CHU), des chercheurs ont examiné l’impact de ces polluants sur le placenta. Les résultats ont été publiés le 30 janvier 2025 dans la revue Environment International.
PFAS : une altération des échanges sanguins entre la mère et le fœtus
“Le placenta est un organe essentiel pendant la grossesse qui fait le lien entre la mère et le fœtus et permet, entre autres, les échanges de gaz et de nutriments”, rappelle Claire Philippat, co-dernière autrice de l’étude et chercheuse à l’Inserm. Sachant que plusieurs études ont associé les PFAS au risque de donner naissance à des bébés avec un faible poids ou que la mère souffre de troubles hypertensifs pendant la grossesse, l’équipe de scientifiques a souhaité étudier les mécanismes qui pourraient expliquer certains de ces effets.
À l’aide d’une cohorte de 367 mères recrutées entre 2014 et 2017 dans la région grenobloise, ils ont étudié les effets de 13 PFAS sur la santé placentaire. Résultat : sur ces 13 substances, trois d’entre elles ont été associées à “une augmentation des pourcentages de villosités avec nœuds syncytiaux”, c’est-à-dire une altération des structures indispensables aux échanges entre le sang maternel et le réseau vasculaire fœtal. “Concrètement, ces altérations suggèrent une moins bonne perfusion de l’organe et une diminution des échanges entre la mère et le fœtus, ce qui peut entraîner une baisse des apports en oxygène et en nutriments”, explique l’Inserm dans un communiqué. Or, ces dérégulations sont associées à des retards de croissance in utero et au risque du développement d’une pré-éclampsie… La boucle est bouclée !
7 PFAS associés à une diminution du poids du placenta
Autre découverte : chez les femmes présentant une concentration élevée de sept PFAS, une diminution du poids du placenta a été observée. “Or, plusieurs études suggèrent qu’une diminution du poids de cet organe peut indiquer que ses fonctions sont compromises, affectant le développement du fœtus”, rappellent les experts de l’Inserm.
“Notre étude est la première à disposer de marqueurs histologiques spécifiques, qui rendent compte de la structure du placenta, commente Claire Philippat. Ces marqueurs permettent d’apporter des éléments sur les mécanismes par lesquels les PFAS pourraient affecter la santé placentaire.”
L’équipe souhaite maintenant refaire cette étude à plus grande échelle afin de confirmer ces résultats.