En cas de fièvre ou de douleurs, il vaut mieux prendre du paracétamol que de l’ibuprofène ou du kétoprofène, recommande depuis quelques années l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Ces deux médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) seraient néfastes pour les utilisateurs.
Un lien entre la prise d’ibuprofène et les infections bactériennes graves
Tout d’abord, le réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance (RFCRPV) établit un lien entre l’augmentation de la gravité des cas d’infections bactériennes et la prise d’ibuprofène. En effet, selon un communiqué, entre janvier 2019 et juin 2023, “les infections bactériennes sévères représentent une part très importante des effets indésirables graves déclarés avec l’ibuprofène (21%)”.
Dans le détail, ces 21 % représentaient 162 cas d’infection bactérienne, d’après le compte-rendu de l’ANSM. Les principales et les plus graves - septicémies, pneumopathies, méningites, etc - ont entraîné le décès de 9 personnes (5 enfants et 4 jeunes adultes), 24 pour lesquelles le pronostic vital était engagé et 3 qui gardent des séquelles.
Mais pourquoi les AINS augmentent la gravité de certaines infections ? L’ANSM répond que “l’ibuprofène et le kétoprofène peuvent masquer les symptômes comme la fièvre ou la douleur et donc conduire à un retard de diagnostic et de prise en charge du patient. Cela peut avoir pour conséquence un risque de complications graves de l’infection”.
L’ibuprofène réduit l’efficacité des antibiotiques
Annie Jonville-Bera, responsable du centre de pharmacovigilance Centre-Val de Loire, indique à l’UFC-Que Choisir qu’“une deuxième hypothèse existe en faveur d’un effet direct de l’ibuprofène qui amplifierait la diffusion de bactéries comme les streptocoques”. Cette hypothèse - car elle ne fait pas consensus dans le monde scientifique - s’appuie sur deux arguments, démontrés lors d’expériences sur des animaux :
- L’ibuprofène administré en même temps que la bactérie Streptococcus pyogenes (ou infections à streptocoques A, à l’origine d’infections comme la méningite ou les pleuropneumopathies selon l’Institut Pasteur) augmente la mortalité.
- L’ibuprofène réduit l’efficacité des antibiotiques donnés pour combattre cette bactérie.
Depuis 2022, il y a une recrudescence des infections invasives à streptocoques A. Dans ce contexte, l’ANSM recommande donc la prise de paracétamol plutôt que de l’ibuprofène ou du kétoprofène. En revanche, pour les patients traités au long cours par un AINS, l’instance de santé déconseille d’arrêter son traitement sans un avis médical.