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Le jeûne intermittent pourrait augmenter les risques de diabète de type 2 chez les ados

Par Diane Cacciarella

Une étude montre que le jeûne intermittent augmenterait les risques de diabète chez les jeunes, mais pas chez les adultes et les personnes âgées.

Sasithorn Phuapankasemsuk/iStock
Selon une nouvelle étude, le jeûne intermittent pourrait être dangereux pour les adolescents car il favoriserait le développement du diabète.
Les cellules bêta du pancréas produisent de l’insuline, une hormone qui régule le taux de sucre dans le sang.
Les chercheurs ont découvert que le jeûne intermittent perturbait le développement des cellules bêta chez les jeunes souris.

Les adolescents devraient plutôt attendre l'âge adulte pour s’essayer au jeûne intermittent, conseillent les chercheurs allemands de l’Université technique de Munich, de l’hôpital LMU de Munich et du centre de recherche Helmholtz Munich. Lors de leurs travaux menés sur des souris, ils ont découvert que le jeûne intermittent favorisait le développement du diabète chez les jeunes rongeurs, l’équivalent des adolescents humains. Leur étude a été publiée dans la revue Cell Reports.

Le jeûne intermittent perturbe le développement des cellules bêta

"Le jeûne intermittent est connu pour ses bienfaits, notamment la stimulation du métabolisme qui aide à la perte de poids, explique Alexander Bartelt, l’un des auteurs, dans un communiqué. Mais jusqu'à présent, ses effets secondaires potentiels n'étaient pas bien compris."

Pour mieux les comprendre, les scientifiques ont étudié trois groupes de souris : adolescentes, adultes et âgées. Le jeûne se déroulait de la manière suivante : un jour sur trois sans manger, pendant dix semaines.

Résultats : dans les groupes des rongeurs adultes et âgés, la sensibilité à l'insuline s'était améliorée, ce qui signifie que leur métabolisme répondait mieux à l'insuline produite par le pancréas. Autrement dit, leur organisme régulait mieux la glycémie, ce qui a un effet protecteur contre le diabète de type 2.

Les mêmes cellules bêta que les patients atteints de diabète de type 1

Chez les jeunes souris, en revanche, c’est l’effet inverse. Les scientifiques ont observé une perturbation du développement des cellules bêta de leur pancréas. En temps normal, celles-ci produisent de l’insuline, une hormone qui régule le taux de sucre dans le sang. Mais après un jeûne, elles ne remplissaient plus leur rôle : “les cellules des souris adolescentes ont cessé de se développer et ont produit moins d'insuline”, détaille Peter Weber de Helmholtz Munich, l’un des auteurs. Cette production insuffisante d’insuline favoriserait le développement du diabète.

Généralement, on pense que le jeûne intermittent est bénéfique pour les cellules bêta, indique Leonardo Matta, l'un des auteurs de l'étude. Nous avons donc été surpris de constater que les jeunes souris produisaient moins d'insuline après le jeûne prolongé.” Après une analyse plus poussée des cellules bêta des jeunes souris, les scientifiques ont découvert qu’elles ressemblaient à celles de patients atteints de diabète de type 1. 

Ces résultats chez les rongeurs sont également préoccupants pour les humains, car ils pourraient être les mêmes pour les adolescents. Avant de le confirmer, il vaut donc mieux rester prudent et ne pas pratiquer de jeûne intermittent pendant l’adolescence. “Notre étude confirme que le jeûne intermittent est bénéfique pour les adultes, mais qu'il pourrait comporter des risques pour les enfants et les adolescents”, assure Stephan Herzig, l’un des auteurs. 

À l’avenir, les scientifiques comptent poursuivre leurs recherches pour mieux comprendre les mécanismes qui expliquent le lien entre le jeûne intermittent et la dégradation des cellules bêta chez les adolescents.