- Après avoir subi une interruption de grossesse, Priscilla Dray a été infectée par la bactérie streptocoque pyogène de type A, nommée "bactérie mangeuse de chair", qui n’a été prise en charge qu’au bout de deux jours.
- Étant donné que cet agent pathogène a commencé à ronger ses pieds et ses mains, la patiente a dû être amputée au niveau des deux jambes, de l'avant-bras droit et de la main gauche.
- Ce 17 février, la justice devra établir les responsabilités du CHU de Bordeaux et de deux gynécologues ayant mené au très lourd handicap de la mère de trois enfants.
Ce lundi 17 février, le procès de l'affaire Priscilla Dray s’ouvre à Bordeaux. Tout a commencé le 22 juillet 2011, date à laquelle la de cette jeune femme "a complètement basculé". Mère de trois enfants, âgée de 35 ans à l’époque, elle était allée au CHU Pellegrin pour subir une interruption volontaire de grossesse. Cinq mois après avoir accouché, elle venait de découvrir qu’elle était de nouveau enceinte. "J’y suis rentré pour une intervention en ambulatoire", au cours de laquelle elle a subi un curetage puis la pose d’un stérilet, a précisé la patiente dans notre émission.
Si quelques heures après l’opération et être rentrée chez elle, tout allait bien, ce n’était pas le cas de lendemain. "J’avais 40°C de fièvre !" Étant donné qu’elle ne sentait pas bien, elle a décidé de se rendre aux urgences de l’hôpital bordelais. "Une interne me reçoit. Ce jour-là, je n’ai pas vu le médecin de garde (qui est dans l’établissement mais ne se déplace pas). Tout s’est fait par téléphone." Après l’avoir examinée, c'est une étudiante en médecine qui lui retire son stérilet et effectue un prélèvement vaginal. "Elle avait des doutes sur une infection. J’ai donc exigé des antibiotiques", a indiqué la commerçante. Une demande refusée par le praticien à l’autre bout du fil, qui la renvoie chez elle.
"Je ne comprends toujours pas, à ce jour, pourquoi on m'a laissée agoniser dans ce service de la maternité"
Dans la nuit, son état se dégrade. Le lendemain, elle consulte un médecin généraliste qui suspecte une septicémie et l’oriente de nouveau aux urgences de la maternité du CHU de Bordeaux. "J’ai été reçu par une interne qui ne m’a pas prise au sérieux et qui pensait que je faisais du cinéma. Elle ne m’a même pas examiné. Pourtant, j’avais les pieds et les mains gelés. (…) Je ne comprends toujours pas, à ce jour, pourquoi on m'a laissée agoniser dans ce service de la maternité." Après avoir examiné les résultats de sa prise de sang, l'équipe médicale diagnostique un choc septique. Plus précisément, la bactérie streptocoque pyogène de type A, nommée "bactérie mangeuse de chair", a commencé à ronger ses pieds et ses mains. Par la suite, les professionnels de santé lui ont prescrit des antibiotiques, mais plus tard, elle est transférée au service « déchocage » à cause de sa détresse respiratoire.
"Dans la nuit, on annonce à mon mari que j'étais entre la vie et la mort. (…) Je présentais des nécroses cutanées multiples. J'ai été plongée dans le coma pendant des semaines, puis hospitalisée durant des mois dans le service des grands brûlés." Un mois après le curetage et la pose de stérilet, soit fin août, Priscilla doit se faire amputer au niveau des deux jambes, de l'avant-bras droit et de la main gauche, car ses membres nécrosent. Après ce "cauchemar", la mère de famille a décidé de régler cette histoire en justice, car elle estimait que le CHU a tardé à lui administrer une antibiothérapie et a retardé sa prise en charge.
Le CHU de Bordeaux et deux gynécologues devant la justice pour blessures involontaires
En janvier 2017, l’hôpital a été condamné à verser 300.000 euros au titre de provision sur une future indemnisation. "Aucun élément ne permet de limiter la part de responsabilité du CHU dans la survenance du dommage", avaient déclaré les magistrats. Aujourd’hui, l’établissement et deux gynécologues comparaissent devant le tribunal correctionnel pour blessures involontaires avec incapacité supérieure à trois mois. Ce procès doit déterminer s'il y a eu des erreurs médicales dans la prise en charge de la patiente, qui souffre actuellement d'insuffisance rénale, ne peut marcher sans prothèses et a besoin d’une assistance à temps plein, selon France 3 Nouvelle Aquitaine.