- Des agents pathogènes peuvent être propagés dans les toilettes publiques lorsque la chasse d'eau est tirée.
- Une ventilation efficace permet de réduire les risques par 10.
- Quitter la cabine immédiatement après avoir appuyé sur le bouton de la chasse d’eau et se laver les mains sont les moyens les plus efficaces pour réduire les risques pour la santé.
Les toilettes publiques sont la hantise de très nombreuses personnes. Un sondage Ifop pour Diogène France de 2021 avait révélé que 47 % des hommes et 61 % des femmes sont gênés de déféquer dans de tels lieux. Si le bruit et l'odeur de leur passage ainsi que la saleté des WC sont les principales raisons invoquées par les sondés, la peur des microbes et des maladies peut aussi être à l'origine de cette "peur".
Une étude de la société savante Society for Risk Analysis a fait le point sur les risques d’infection dans les toilettes publiques, et plus particulièrement les taux de particules aéroportées (bioaérosol) contenant des bactéries.
WC public : des concentrations de bactéries au-delà des "niveaux acceptables"
"Les émissions de bioaérosols pendant la chasse d'eau des toilettes sont une source souvent négligée de risques potentiels pour la santé dans les installations publiques partagées", notent les auteurs à l'origine des travaux. Ils ont ainsi décidé d’évaluer les concentrations de bioaérosols des bactéries Escherichia coli (E. coli) et Staphylococcus aureus (S. aureus) dans des WC publics.
La recherche a été menée dans deux toilettes situées dans un immeuble de bureaux en Chine. Les premières proposaient des WC à bidet (à la Japonaise) et l’autre des toilettes à la turque. Les scientifiques ont mesuré les émissions de bioaérosol contenant S. aureus et E. coli dans diverses conditions de chasse d'eau et de scénarios de ventilation dans les deux salles.
La ventilation permet de réduire les concentrations de bactéries
Résultat : les concentrations de bioaérosols des deux agents pathogènes étudiés dépassaient les "niveaux acceptables" établis par les Centers for Disease Control (CDC) après la chasse d'eau des toilettes. De plus, les particules aéroportées sont moindres avec des wc à bidet. Les toilettes à la turque généraient 42 à 62 % de concentrations plus élevées de bioaérosols S. aureus et 16 à 27 % de concentrations plus élevées de bioaérosols E. coli. L’étude montre aussi que la ventilation est le meilleur moyen pour réduire les concentrations malsaines de bactéries dans les toilettes publiques. Le risque était, en effet, divisé par 10 fois lorsqu’un ventilateur extracteur était en marche.
"Nos résultats soulignent les risques sanitaires considérables posés par l’exposition aux bioaérosols dans les toilettes publiques", ajoute l’auteur principal Wajid Ali de China University of Geosciences. "L’amélioration des systèmes de ventilation en optimisant l’efficacité des ventilateurs extracteurs et les taux de renouvellement d’air peut réduire efficacement les concentrations de bioaérosols et les risques d’exposition pour le public."
Toilettes publiques : est-ce dangereux de s’asseoir sur la lunette des toilettes ?
De nombreuses femmes jouent les équilibristes dans les toilettes publiques pour éviter que leur derrière touche les toilettes par crainte de potentiels microbes ou bactéries. Mais s’il est vrai que les selles humaines contiennent de très nombreux pathogènes transmissibles (Escherichia coli, Salmonella, Shigella, des norovirus, des rotavirus…), Primrose Freestone, microbiologiste d’University of Leicester, explique dans un article paru dans The Conversation en 2018 pourquoi une telle précaution n'est pas vraiment utile.
"Il est très peu probable qu’une infection se développe à partir des fesses, même assises sur un siège de toilettes. En effet, la plupart des infections intestinales impliquent le transfert manuel de bactéries vers la bouche. Ceci se produit généralement lorsque les mains, les aliments ou certaines surfaces se retrouvent souillés par des matières fécales. Qui plus est, la couche de bactéries et de levures qui recouvre la peau humaine fonctionne comme un bouclier de protection très solide", explique l’experte. Elle rappelle par ailleurs que le fait de "planer au-dessus des toilettes" complique l'évacuation des urines puisque les muscles du plancher pelvien et de la ceinture pelvienne sont tendus. Cette position peut alors augmenter les risques de plusieurs troubles comme une vidange incomplète de la vessie, les infections urinaires ou encore le prolapsus. Ainsi, si vous craignez de contracter des infections aux toilettes, elle propose de nettoyer le siège avec une lingette antiseptique "pour vous rassurer" plutôt que ne pas s'asseoir correctement.
L'importance de se laver les mains
Pour éviter les microbes, la spécialiste conseille surtout de "quitter la cabine immédiatement après avoir appuyé sur le bouton de la chasse d’eau". Cela réduit le contact avec les projections de bioaérosols. Autre conseil de base (mais parfois oublié dans la précipitation) : se laver les mains à l’eau savonneuse pendant au moins 30 secondes sans oublier les ongles, après avoir été aux WC.
Des études ont montré que les robinets des lavabos publics et les boutons des sèche-mains abritaient aussi de nombreux microbes. "Il est donc conseillé, une fois le lavage des mains terminé, de laisser le robinet ouvert pendant que vous vous séchez les mains, puis d’utiliser un morceau d’essuie-tout propre pour le fermer. Ou, si vous utilisez un sèche-mains, d’utiliser votre coude pour appuyer sur le bouton de mise en marche", ajoute la microbiologiste.