- L'insuffisance cardiaque avec fraction d'éjection préservée (ICFE) est une affection courante, qui évolue discrètement et ne présente que peu de symptômes jusqu'à ce qu'elle devienne grave et difficile à traiter.
- Chez les souris souffrant d’une insuffisance cardiaque à fraction d'éjection préservée (HFpEF) induite par le diabète, les problèmes de régulation du flux sanguin dans le muscle de la jambe apparaissaient des mois avant que des problèmes similaires ne soient observés dans le cœur.
- Lors des futurs travaux, les scientifiques comptent tester leur type particulier d'IRM, qui permet d’évaluer la vasoréactivité dans le cœur et le muscle de la jambe, chez des patients humains.
On le sait : les examens d’imagerie médicale permettent d'améliorer la capacité à détecter des problèmes spécifiques au cœur, tels que le raidissement ou la cicatrisation des tissus cardiaques. Cependant, ils passent généralement à côté de signes précoces montrant des problèmes dans d'autres parties du corps. De précédentes recherches ont suggéré qu'une mauvaise régulation du flux sanguin dans les muscles des jambes pouvait se manifester avant des changements similaires dans le cœur et pourrait même expliquer des symptômes, comme la fatigue ou la difficulté à faire de l'exercice.
Insuffisance cardiaque : le muscle de la jambe pourrait être un meilleur endroit pour détecter les premiers stades
Afin d’explorer cette idée, des scientifiques de l'Institut d'ingénierie biomédicale de l'Université de Toronto (Canada) ont mené une expérience sur des rats présentant une insuffisance cardiaque à fraction d'éjection préservée (HFpEF) induite par le diabète. Les animaux ont été soumis à une alimentation riche en graisses et en sucres ou à un régime de contrôle pendant six mois. À partir du premier ou du deuxième mois suivant le diabète et tous les deux mois par la suite, les rongeurs ont subi un type particulier d'IRM qui permet d’évaluer la vasoréactivité, c’est-à-dire la façon dont les vaisseaux sanguins réagissent au stress, dans le cœur et le muscle de la jambe. "Un agent de réduction du pool sanguin a été administré et le temps de relaxation a été mesuré dynamiquement pendant que les animaux respiraient des niveaux élevés de dioxyde de carbone pour moduler les vaisseaux", a précisé l’équipe dans l’étude publiée dans la revue Discover Medicine.
Chez les rats diabétiques, le cœur qui ne réagit normalement pas à 10 % de dioxyde de carbone a révélé une réponse pro-vasoconstrictrice à partir de cinq mois après le diabète. La vasoréactivité anormale des muscles squelettiques des pattes est apparue encore plus tôt. À deux mois, la réponse vasodilatatrice habituelle à 5 % de dioxyde de carbone a été interrompue par des périodes de vasoconstriction chez les rongeurs malades. Chez les rats femelles, des différences ont été observées entre les animaux en bonne santé et malades uniquement au cours des deux premiers mois suivant le diabète, mais pas plus tard.
"Offrir une nouvelle orientation dans le traitement d'une affection dont la prévalence augmente"
"Nos travaux suggèrent que les changements vasculaires dans le muscle de la jambe pourraient constituer un signe d'alerte plus précoce et plus accessible de la maladie. La prochaine étape consistera à suivre des patients humains présentant les facteurs de risque d’insuffisance cardiaque à fraction d'éjection préservée, qui évolue discrètement, et à déterminer si notre type d'IRM peut effectivement identifier la maladie plus tôt que les méthodes de diagnostic conventionnelles. Notre objectif ultime est non seulement d'ouvrir la voie à un diagnostic précoce lorsque cette maladie peut être traitée, mais aussi d'offrir une nouvelle orientation dans le traitement d'une affection dont la prévalence augmente et qui est devenue la forme la plus courante d'insuffisance cardiaque", a conclu Hai-Ling Margaret Cheng, qui a dirigé les recherches.