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Santé cardiaque

Le cœur est capable de détecter le goût sucré

Par Sophie Raffin

Des scientifiques ont découvert que le cœur dispose de récepteurs du "goût sucré", semblables à ceux de la langue, et ces derniers participent à la modulation du rythme cardiaque.

michaklootwijk/istock
Selon une nouvelle étude, le coeur dispose de récepteurs du goût sucré.
La stimulation de ces récepteurs peut augmenter la force de contraction du muscle cardiaque.
Les chercheurs ont également remarqué que les personnes souffrant d'insuffisance cardiaque avaient un plus grand nombre de récepteurs du goût sucré que les autres.

Des chercheurs de l'université Loyola de Chicago viennent de découvrir que le cœur a un point commun avec la langue. Il possède lui aussi des récepteurs du “goût sucré”. Cette découverte est présentée lors de la 69e réunion annuelle de la Biophysical Society, qui se tient du 15 au 19 février 2025 à Los Angeles.

Des récepteurs du goût sucré qui agissent sur le rythme cardiaque

L’équipe américaine a découvert que des récepteurs du goût sucré, connus sous les noms TAS1R2 et TAS1R3, sont présents à la surface des cellules du muscle cardiaque. Lors d’essais effectués avec des cellules cardiaques humaines et de souris, les chercheurs ont observé une augmentation significative de la force de contraction du muscle cardiaque et une accélération de la gestion du calcium (des processus essentiels au rythme cardiaque sain) lorsque ces récepteurs sont stimulés avec l’aspartame (édulcorant artificiel).

"Après avoir mangé, il a été démontré que le rythme cardiaque et la tension artérielle augmentent", explique Micah Yoder, auteur de l’étude. "Auparavant, on pensait que c'était un axe neuronal qui était signalé. Mais nous proposons une conséquence plus directe, où nous avons une augmentation de notre glycémie après avoir mangé un repas, et cela se lie à ces récepteurs du goût sucré sur les cellules du muscle cardiaque, provoquant une différence dans le rythme cardiaque", ajoute-t-il dans un communiqué.

Insuffisance cardiaque : davantage de récepteurs TAS1R2 et TAS1R3 chez les patients

Les scientifiques ont également remarqué que les patients souffrant d’insuffisance cardiaque avaient un nombre plus important de récepteurs du goût sucré dans le cœur. Des recherches plus poussées ont montré que la stimulation des récepteurs déclenche "une cascade d’événements moléculaires dans les cellules cardiaques, impliquant des protéines clé qui contrôlent le flux de calcium et la contraction musculaire".

"En cas d’insuffisance cardiaque, le cœur modifie son paysage énergétique et donne la priorité à l’absorption et à l’utilisation du glucose. Il est donc possible que, lors de ce changement énergétique, le cœur doive modifier ses capacités de détection du nutriment pour s’adapter à ce changement", avance Micah Yoder.

Cette découverte pourrait aussi expliquer pourquoi une consommation élevée de boissons artificiellement sucrées a été liée par d'autres travaux à un rythme cardiaque irrégulier. "Non seulement ces récepteurs du goût sucré sont particulièrement stimulés par les édulcorants artificiels comme l'aspartame, note l’expert, mais il a également été découvert qu'une surstimulation de ces récepteurs du goût sucré conduit à une augmentation du comportement arythmique dans les cellules cardiaques."

L’équipe précise que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre le rôle de récepteurs dans le cœur et déterminer comment ces derniers pourraient aider au développement de nouveaux traitements contre l’insuffisance cardiaque.