- L’étranglement sexuel est une pratique en hausse chez les jeunes adultes, mais elle comporte de sérieux risques : lésions cérébrales, perte de conscience et, parfois, la mort.
- Une étude australienne révèle que beaucoup pensent à tort que cette pratique est sans danger si elle est bien encadrée. Or, même une faible pression sur les carotides peut être fatale. De plus, le consentement peut être compromis si la personne étranglée perd sa capacité à réagir.
- L’éducation sexuelle doit mieux informer sur ces dangers, car la pornographie et les réseaux sociaux véhiculent souvent des idées erronées.
La strangulation lors de rapports sexuels (choking en anglais) semble gagner en popularité chez les jeunes adultes. C'est une pratique courante d’asphyxie érotique qui consiste à exercer une pression sur le cou de sa ou son partenaire, ce qui restreint sa respiration ou sa circulation sanguine. Une récente étude menée en Australie révèle que 57 % des participants ont déjà été étranglés durant un rapport, tandis que 51 % ont eux-mêmes pratiqué l'étranglement sur un partenaire. Si cette tendance s’inscrit dans une exploration de nouvelles expériences intimes, elle n’est pas sans risques, rappellent les chercheurs des universités de Melbourne et de Queensland dans un article publié dans The Conversation.
Une fausse impression de sécurité
De nombreux répondants à l'étude croyaient à tort que l'étranglement pouvait être pratiqué en toute sécurité, à condition de réguler la pression et d'éviter la trachée. Un homme de 31 ans témoigne : "Ma partenaire aime une main ferme sur la gorge, mais sans bloquer la respiration, juste en restreignant légèrement le flux sanguin." Or, les chercheurs rappellent que même une faible pression sur les carotides peut suffire à provoquer une perte de conscience, des lésions cérébrales et, dans certains cas, la mort. De plus, l’usage de substances comme l’alcool ou la drogue peut altérer la perception de la pression appliquée, augmentant le risque d'accident.
Consentement et réalités biologiques
L'étude met également en lumière le rôle du consentement dans cette pratique. Plusieurs participants estiment que tant que l'acte est discuté en amont et consenti, il ne présente pas de danger. "Si deux adultes en parlent avant et ont un gage de sécurité, je ne vois pas de problème", affirme une femme de 32 ans. Les experts soulignent toutefois que, lors d'un étranglement, la personne subissant la pression peut perdre la capacité de signaler son inconfort ou son refus, compromettant ainsi la notion même de consentement.
Autre enseignement préoccupant : certains témoignages révèlent des pressions exercées, volontaires ou involontaires, pour adopter cette pratique. Une femme de 35 ans déplore : "Le nombre d'hommes qui l'initient sans demander est effrayant." Un homme de 24 ans, quant à lui, confie se sentir obligé d'étrangler sa partenaire à sa demande, malgré ses réticences.
Un besoin urgent d'information
L'éducation sexuelle ne couvre que trop rarement les aspects biologiques et les dangers de l'étranglement, regrettent les chercheurs. Résultat, beaucoup de jeunes découvrent cette pratique à travers la pornographie ou les réseaux sociaux, qui transmettent souvent des informations erronées. Or, aucune méthode ne permet d'assurer une sécurité totale lors d'un étranglement sexuel. Pour réduire les risques, il y a donc urgence à davantage sensibiliser la population, avec des campagnes d'information et une intégration du sujet dans l'éducation sexuelle.