Douleurs menstruelles ou endométriose : comment faire la différence ?

Chaque mois, les règles provoquent des douleurs plus ou moins intenses chez de nombreuses femmes. Mais lorsque ces douleurs deviennent chroniques et invalidantes, elles peuvent être le signe d'une endométriose. Dans un article publié dans The Conversation, la professeure de gynécologie Sonia R. Grover, de l’Université de Melbourne (Australie) explique comment distinguer ces deux conditions et mieux assurer leur prise en charge.

Comprendre la douleur des règles

Les règles désignent l'élimination de la muqueuse utérine (l'endomètre) qui s'épaissit à chaque cycle en prévision d'une grossesse. Lorsqu'aucune fécondation n'a lieu, cette muqueuse se détache et est expulsée par des contractions utérines, provoquant des douleurs plus ou moins fortes.

Les substances inflammatoires libérées durant ce processus expliquent aussi les symptômes associés aux règles : nausées, maux de tête, diarrhées, étourdissements. Chez certaines femmes, ces douleurs sont particulièrement intenses les jours de saignement abondant ou pendant l'ovulation. Environ 90 % des adolescentes ressentent des douleurs menstruelles, et pour 20 % d'entre elles, ces douleurs sont si sévères qu'elles perturbent leur quotidien.

L'endométriose, une douleur persistante et complexe

L'endométriose se caractérise par la présence de tissu semblable à l'endomètre en dehors de l'utérus, souvent dans la cavité pelvienne. Elle peut entraîner des douleurs intenses pendant les règles, mais aussi pendant les rapports sexuels, des troubles urinaires et intestinaux, ainsi que des douleurs lombaires et fémorales. Certains symptômes comme la fatigue chronique ou les migraines sont fréquemment associés à l'endométriose, mais peuvent également toucher des femmes souffrant de douleurs pelviennes sans endométriose.

Le diagnostic de l'endométriose repose principalement sur une laparoscopie, une intervention permettant d'observer les organes pelviens. Sauf que seulement 50 % des patientes souffrant de telles douleurs finissent par recevoir un diagnostic d'endométriose. Sans compter, par ailleurs, que certaines femmes atteintes d’endométriose ne ressentent, elles, aucune douleur. "Nous ne pouvons donc pas prédire qui a ou n'a pas d'endométriose uniquement à partir des symptômes", souligne Sonia R. Grover.

Could your painful periods be a sign of endometriosis?

Bindi Irwin experienced 10 years of "insurmountable fatigue, pain & nausea".

???? These 4 expert articles help answer big questions about endometriosis pain, diagnosis and treatment:@westernsydneyuhttps://t.co/bNvgLzQayK

— The Conversation - Australia + New Zealand (@ConversationEDU) March 9, 2023

Une prise en charge qui doit être globale

La prise en charge de l’endométriose repose sur une approche multidisciplinaire. La chirurgie pour retirer les lésions est une option, mais elle n'est pas toujours définitive : 30 % des patientes retrouvent leurs douleurs en six mois et 50 % subissent une nouvelle intervention dans les années suivantes.

Les traitements hormonaux (pilules contraceptives en continu, progestatifs) permettent souvent de soulager les douleurs. Mais la personnalisation du traitement reste essentielle car toutes les patientes ne réagissent pas de la même manière aux médicaments. Par ailleurs, une prise en charge globale incluant physiothérapie, soutien psychologique, adaptation du mode de vie et gestion des symptômes digestifs ou urinaires est souvent recommandée pour améliorer la qualité de vie.

Toujours est-il que si vos douleurs menstruelles impactent significativement votre quotidien, ne les banalisez pas et pensez à consulter, conclut la chercheuse. Un diagnostic précoce permettra une meilleure prise en charge et une réduction des souffrances.