- À Hawaï, une femme de 30 ans a été infectée par un ver pulmonaire du rat, qui aurait été déposé dans une salade par un escargot ou une limace et s’est frayé un chemin jusqu’à son cerveau.
- Après avoir ingéré ce parasite, elle a souffert d’une angiostrongylose, une pathologie qui touche le cerveau et la moelle épinière.
- Ses symptômes, notamment les brûlures, les maux de tête, la confusion, ont disparu après avoir pris un stéroïde immunosuppresseur et un médicament antiparasitaire.
Née en Nouvelle-Angleterre, dans le Nord-Est des États-Unis, une femme de 30 ans a passé trois semaines à voyager en Thaïlande, au Japon et à Hawaï. À son retour, l’Américaine a remarqué qu’elle n’était pas dans son assiette. Une fatigue qu’elle a attribuée au décalage horaire. Cependant, quelques heures plus tard, elle a commencé à ressentir une sensation de brûlure dans les pieds, qui au cours des deux jours suivants est remontée dans ses jambes. Pour soulager la douleur, la patiente a pris des analgésiques, mais ces derniers n’ont pas fait effet. Le troisième jour, elle a décidé de se rendre aux urgences, où une batterie d’examens a été réalisée. Les résultats semblaient indiquer qu’elle allait bien. "La seule chose qui ressortait était un nombre élevé d’éosinophiles, des globules blancs qui deviennent actifs dans certaines maladies allergiques, infections parasitaires ou autres problèmes médicaux", a précisé média Ars Technica. Ainsi, la trentenaire a été renvoyée chez elle.
Durant les jours suivants, la sensation de brûlure a continué à progresser, envahissant son tronc et ses bras. L’Américaine a aussi souffert un mal de tête. Sept jours après le début de la maladie, elle s’était de nouveau rendue dans un deuxième service d’urgences. Les examens ont révélé des résultats similaires à ceux des premiers tests : analyses sanguines normales, fonction rénale normale et taux élevé d'éosinophiles, cette fois plus élevé, plus précisément à 1.050. Après lui avoir administré des médicaments par voie intraveineuse, les praticiens lui ont recommandé de consulter son médecin traitant. Une fois chez elle, un membre de la famille lui a donné un somnifère pour l'aider à se reposer. Le lendemain, la femme s’était réveillée dans un état de confusion inquiétant. Cette dernière "pensait qu’elle devait faire ses valises pour les vacances et on ne pouvait pas la convaincre de retourner au lit."
Une infection parasitaire suspectée
Compte tenu de son état, elle a été amenée aux urgences pour la troisième fois, mais cette fois-ci à l'hôpital général du Massachusetts. Lorsque les professionnels de santé lui ont posé des questions, la patiente n’arrivait pas à y répondre, car elle était désorientée et agitée. Après avoir appris par des membres de sa famille que l’aventurière avait récemment voyagé et souvent mangé des sushis et des salades, les médecins ont suspecté une infection, probablement parasitaire, à l’origine de ses symptômes surprenants qui ont été rapportés dans une étude publiée dans la revue The New England Journal of Medicine. Les analyses sanguines n’ont montré aucune trace de parasites, et une tomodensitométrie (TDM) de sa tête n’a révélé aucune anomalie intracrânienne aiguë. En revanche, une ponction lombaire a révélé un problème : son liquide céphalorachidien affichait un taux de 694 globules blancs par microlitre.
Afin d’identifier la maladie dont souffre la voyageuse, les professionnels de santé ont listé les infections qui peuvent survenir dans les trois endroits qu'elle a visités et qui correspondent à ses symptômes. Une fois les avoir passées en revue, ils sont parvenus à poser un diagnostic qui a été confirmé par un test génétique. D’après eux, la trentenaire était atteinte d’angiostrongylose, causée par le nématode (parasite du ver rond) Angiostrongylus cantonensis, également connu sous le nom de ver pulmonaire du rat. "La majorité des cas de ver pulmonaire du rat identifiés à Hawaï se sont produits sur la grande île, mais des cas et des hôtes intermédiaires infectés (escargots et limaces) ont également été identifiés sur toutes les principales îles voisines", a expliqué le pôle surveillant les épidémies à Hawaï où sept cas d’angiostrongylose ont été enregistrés en 2024.
Une salade contaminée ?
Sur cet archipel, ces vers, qui se trouvent principalement chez les rats, peuvent être trouvés dans des escargots ou des limaces considérés comme des hôtes intermédiaires. En effet, les personnes peuvent être infectées en mangeant des produits crus ou pas assez cuits contenant un petit escargot ou une limace infectée. Dans le cas de la touriste, le ver pulmonaire du rat, qui s’est frayé un chemin jusqu’à son cerveau en migrant par son sang ou le long de ses nerfs périphériques, aurait été déposé dans une salade par un escargot ou une limace. "On ne sait pas avec certitude si la bave laissée par les escargots et les limaces infectés peut provoquer une infection". En cas d’angiostrongylose, les adultes peuvent ressentir des nausées, des vomissements et des douleurs abdominales quelques heures à quelques jours après l'ingestion. Les symptômes, dont la durée peut aller de deux à huit semaines, peuvent ensuite évoluer vers des maux de tête, la fièvre, la sensibilité à la lumière, les douleurs musculaires, la fatigue, l'insomnie, une raideur et des douleurs dans la nuque, des picotements ou des brûlures de la peau, une vision double, des difficultés intestinales ou vésicales et des convulsions.
Angiostrongylose : des stéroïdes et des médicaments antiparasitaires pour traiter la maladie
À ce jour, il n'existe pas de traitement spécifique pour cette maladie. "Les parasites ne peuvent pas se reproduire chez l'homme et finiront par mourir, provoquant une inflammation. (…) Les stéroïdes doivent être administrés le plus tôt possible pour réduire l'inflammation. Les médicaments antiparasitaires, tels que l'albendazole, peuvent être utiles, bien que les preuves soient limitées chez l'homme. Si l'albendazole est utilisé, il doit être associé à des stéroïdes pour traiter toute augmentation possible de l'inflammation causée par la mort des vers", peut-on lire sur le site du pôle surveillant les épidémies à Hawaï. C’est ce qui a été fait dans le cas de la trentenaire qui a reçu de la prednisone et de l’albendazole pendant 14 jours. Après le traitement, ses symptômes ont disparu et elle a pu quitter l'hôpital six jours plus tard.