• CONTACT

QUESTION D'ACTU

Maladies cardiovasculaires

Pourquoi la progression de l'espérance de vie ralentit en Europe ?

L’augmentation de l’espérance de vie ralentit dans les pays européens depuis 2011, à quelques exceptions près. En cause, principalement le taux de décès associés aux maladies cardiovasculaires, selon une étude du Lancet.

Pourquoi la progression de l'espérance de vie ralentit en Europe ? Andrei310 / istock




L'ESSENTIEL
  • La progression de l'espérance de vie en Europe ralentit depuis 2011, principalement en raison des maladies cardiovasculaires et du cancer, aggravés par une mauvaise alimentation, la sédentarité et l’obésité.
  • Certains pays comme la Belgique, la Norvège ou encore la Suède ont mieux résisté grâce à des politiques de prévention efficaces, tandis que le Royaume-Uni et la Grèce sont particulièrement touchés.
  • La pandémie de Covid-19 a accentué ce phénomène. Les experts plaident pour des mesures urgentes en matière de prévention et d'accès à une alimentation saine afin d'inverser cette tendance inquiétante.

L'amélioration de l'espérance de vie en Europe marque un net ralentissement depuis 2011, et plusieurs pays voient même une régression, selon une étude publiée ce mercredi dans The Lancet Public Health. "Les progrès de la santé publique et de la médecine au cours du XXe siècle ont permis d’améliorer l’espérance de vie en Europe année après année. Mais ce n’est plus le cas", constate le Pr Nicholas Steel, qui a dirigé les travaux.

Un ralentissement marqué depuis 2011

Son équipe s’est appuyée sur le Global Burden of Disease, un vaste programme de recherche international, pour comparer l’évolution de l’espérance de vie, des causes de mortalité, et de l’exposition à divers facteurs de risque chez les résidents de 20 pays européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, France, Grèce, Irlande, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays Bas, Portugal, Royaume-Uni, et Suède) sur trois périodes : 1990-2011, 2011-2019, et 2019-2021.

Jusqu’en 2011, l’espérance de vie sur le continent progressait en moyenne chaque année de 0,23 an. Mais entre 2011 et 2019, elle a seulement augmenté de 0,15 an, et entre 2019 et 2021 elle a même diminué de 0,18 an à cause de la pandémie de Covid-19. La France a suivi cette tendance, passant de 0,22 an de gain annuel avant 2011 à 0,17 an entre 2011 et 2019, puis à une diminution de 0,21 an durant la crise sanitaire.

L'étude attribue ce ralentissement principalement à l’augmentation des maladies cardiovasculaires et des cancers, liées à une alimentation de moins en moins saine, à la sédentarité et à l'obésité. "Nous avons constaté que les décès dus aux maladies cardiovasculaires étaient le principal facteur de la réduction des améliorations de l’espérance de vie entre 2011 et 2019", note le Pr Steel. L'augmentation de la pression artérielle, du cholestérol, ainsi que la consommation d’alcool et de tabac ont également joué un rôle majeur.

Des inégalités marquées entre pays

La crise du Covid-19 a renforcé cette tendance : entre 2019 et 2021, l'espérance de vie a chuté dans la plupart des pays, avec des baisses plus marquées en Grèce et en Angleterre. Seuls l'Irlande, l'Islande, la Suède, la Norvège, le Danemark et la Belgique ont réussi à maintenir ou améliorer leur espérance de vie malgré la pandémie. "Ces pays ont maintenu une meilleure espérance de vie après 2011 et ont vu les risques majeurs de maladies cardiaques diminuer, grâce aux politiques gouvernementales", souligne le chercheur.

L’étude insiste sur la nécessité de renforcer la prévention dès le plus jeune âge. "Alimentation, activité physique et lutte contre l’obésité doivent devenir des priorités absolues de santé publique." Ces mesures sont d’autant plus cruciales que la précarité alimentaire augmente en Europe : des millions de familles à faibles revenus ont aujourd’hui de plus en plus de mal à accéder à des repas nutritifs en raison de la hausse des prix et des déserts alimentaires.

Le Pr Nicholas Steel estime que l'Europe n'a pas encore atteint un "plafond de longévité naturel" et que des progrès restent possibles si des efforts plus importants sont déployés. "L’espérance de vie des plus âgés continue à s’améliorer dans plusieurs pays", souligne-t-il. Les données plus récentes du site de l'Union européenne indiquent d'ailleurs que l'espérance de vie a quelque peu rebondi depuis la pandémie, l'individu moyen devant vivre jusqu'à 81,5 ans en 2023. Le Vieux continent peut donc inverser la tendance, à condition d’investir massivement dans la prévention et de garantir un accès équitable à des soins et une alimentation de qualité.

Vous aimez cet article ? Abonnez-vous à la newsletter !

EN DIRECT

LES MALADIES

J'AI MAL

J ai Mal Bras et mains Bras et mains Tête et cou Torse et haut du dos Jambes et pied

SYMPTÔMES