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Procès

Amputée après une IVG : peines de prison et amendes requises contre les médecins et l'hôpital

Dans le cadre de l’affaire Priscilla Dray, le CHU de Bordeaux et les chefs des urgences poursuivis par la patiente, qui leur reproche une erreur médicale, risquent une peine de prison avec sursis et une amende.

Amputée après une IVG : peines de prison et amendes requises contre les médecins et l'hôpital nathaphat/iStock




L'ESSENTIEL
  • Durant deux jours, le tribunal correctionnel de Bordeaux s’est penché sur le cas de Priscilla Dray. Elle dénonce une prise en charge insuffisante du CHU de Bordeaux, qui l’a conduit à être amputée des quatre membres.
  • Le procureur a requis douze et seize mois de prison avec sursis contre les deux gynécologues, 10.000 euros d’amende chacun et une interdiction d’exercer leur métier pendant quelques semaines.
  • Une amende de 50.000 euros d'amende, dont 30.000 fermes, a été demandée à l’encontre de l’hôpital.

Quatorze ans après les faits, le tribunal correctionnel de Bordeaux se penche depuis le 17 février sur l'affaire Priscilla Dray. Pour rappel, en 2011, lorsqu’elle était âgée de 35 ans, cette mère de trois enfants s’était rendue au centre hospitalier universitaire Pellegrin pour subir une interruption volontaire de grossesse. Si elle était en bonne santé après l’intervention en ambulatoire, son état s’était dégradé avec notamment l'apparition d'une fièvre élevée. De retour à l’hôpital, la commerçante avait demandé au médecin de garde de recevoir des antibiotiques, car elle suspectait une infection. Cependant, ce dernier avait refusé et l’a renvoyé chez elle. Le lendemain, son médecin traitant l’avait de nouveau orienté aux urgences de l’établissement bordelais, où d’après elle "on l’a laissée agoniser" alors qu’elle ne sentait pas bien et avait "les pieds et les mains gelés".

Plus tard, les professionnels de santé avaient découvert qu’une bactérie streptocoque pyogène de type A, nommée "bactérie mangeuse de chair", avait commencé à ronger ses quatre membres, qui ont dû être amputés en raison d’un choc septique. À la suite de ce drame, la patiente, qui a subi des greffes et de nombreuses opérations, a poursuivi en justice, car elle estimait que le CHU avait tardé à lui administrer une antibiothérapie et avait retardé sa prise en charge.

Douze et seize mois de prison avec sursis à l’encontre des deux gynécologues

Depuis ce lundi 17 février, le CHU de Bordeaux et les chefs des urgences du samedi et du dimanche comparaissent devant le tribunal correctionnel pour blessures involontaires par maladresse, inattention, imprudence ou négligence. "Tous les signaux clignotaient, ils ont été ignorés, c'est scandaleux", s’est exclamé le procureur de la République lors du procès. Selon France 3 Nouvelle-Aquitaine, ce dernier a requis des peines de prison avec sursis à l’encontre des deux médecins. Pour le Dr. Vandenbossche, chef des urgences de la maternité Pellegrin le dimanche, une peine de 16 mois d'emprisonnement avec sursis, en raison d’une "inactivité coupable", a été demandée par le procureur, d’après France Bleu. En ce qui concerne le Dr. Dekhili, chef des urgences le samedi, douze mois de prison avec sursis ont été réclamés pour erreur de diagnostic. En outre, les deux professionnels de santé ont écopé d’une amende de 10.000 euros chacun et sont suspendus de leurs fonctions pendant quelques semaines. Du côté de l’hôpital, une amende de 50.000 euros, dont 30.000 euros fermes, a été requis par le procureur. À l’issue du procès, les avocats de la défense ont plaidé la relaxe. Le délibéré sera rendu le 14 avril prochain.

"J'aimerais que les condamnations soient aussi lourdes que le calvaire que j'ai pu endurer"

"On a ruiné ma vie de femme, de mère, mon plan de carrière, mes ambitions professionnelles. On a brisé la vie de mes enfants qui souffrent d'angoisses, d'obsessions. (…) Il faut que la justice soit exemplaire, j'aimerais lui faire confiance, et que les condamnations soient aussi lourdes que le calvaire que j'ai pu endurer, toutes les souffrances que j'ai traversées, moi, mes enfants, mon mari, toute une famille dont la vie a basculé à cause d'une négligence qui n'aurait jamais dû arriver", a déclaré, à France 3 Nouvelle-Aquitaine et Ici Gironde, Priscilla Dray.

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