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Mélange d’embryon : elle a dû rendre son bébé de 5 mois

Par Sophie Raffin

Tombée enceinte grâce à une fécondation in-vitro, une Américaine de 38 ans a dû "rendre" l’enfant qu’elle a mis au monde, car la clinique avait transféré l’embryon d’une autre patiente.

Mladen Zivkovic/istock
Krystena Murray est tombée enceinte par FIV en 2023.
À la naissance du bébé, elle a compris que la clinique avait fait une erreur. Le nourrisson n'avait pas la même couleur de peau qu'elle.
Elle avait reçu l'embryon d'un autre couple. Elle a dû rendre le bébé aux parents biologiques alors que le petit avait 5 mois.

Les naissances sont généralement des grands moments de joie et d’émotion pour les nouveaux parents. Pour Krystena Murray, tombée enceinte via une fécondation in-vitro, le jour de son accouchement a été celui où elle a découvert que sa clinique de fertilité avait commis une grave erreur.

Le petit garçon que la femme de 38 ans a mis au monde en décembre 2023 était de type afro-américain... alors que son donneur et elle étaient tous les deux caucasiens.

"Il était beau et parfait, mais il était aussi très clair que quelque chose n'allait pas"

"J'étais heureuse. J'étais maman. Il était beau et parfait, mais il était aussi très clair que quelque chose n'allait pas", explique Krystena Murray lorsqu'elle se confie sur le jour de son accouchement pendant une conférence de presse annonçant son action en justice contre la clinique.

Après quelques semaines de questionnement, la jeune mère a fini par utiliser un kit de test ADN à domicile. L'Américaine de 38 ans a découvert qu’elle n’avait aucun lien génétique avec son bébé. Elle a averti l’équipe de l'établissement de fertilité de l’erreur en février 2024. Il a été déterminé que les médecins lui ont transféré l’embryon d’une autre patiente.

Le personnel a identifié et prévenu les parents biologiques du petit garçon. Après cette nouvelle, le couple a rapidement entamé des démarches pour obtenir sa garde. Mais Krystena a d’elle-même renoncé à l’enfant après que ses avocats lui aient dit qu'elle n'avait aucune chance de gagner au tribunal. Elle a "rendu" le bébé à ses parents biologiques, en mai dernier, alors qu’il avait 5 mois.

"Mon bébé n’est pas génétiquement le mien – il n’a pas mon sang, il n’a pas mes yeux, mais il est et sera toujours mon fils", a confié Krystena lors de la conférence suivie par Associated Press. "Je ne guérirai jamais complètement ni ne passerai à autre chose et une partie de moi regrettera toujours mon fils et se demandera quel genre de personne, il est en train de devenir."

Erreur d’embryon : transformée en mère porteuse contre sa volonté

Si la trentenaire n’a pas voulu entrer dans une bataille juridique avec la famille du petit garçon, elle vient de déposer une plainte contre la clinique de fertilité pour cette erreur "extrême et scandaleuse" qu’il l’a "transformée en mère porteuse involontaire, contre sa volonté, pour un autre couple".

"Je ne me suis jamais sentie aussi violée et cette situation m’a brisée émotionnellement et physiquement", a expliqué Krystena aux médias. "J’ai passé toute ma vie à vouloir être maman. J’ai aimé, nourri et fait grandir mon enfant et j’aurais fait littéralement n’importe quoi pour le garder."

Dans un communiqué transmis à NBC News, la clinique a assuré que cet incident était un "événement isolé qui n’a affecté aucun autre patient". "Le jour même où cette erreur a été découverte, nous avons immédiatement mené un examen approfondi et mis en place des mesures de protection supplémentaires pour mieux protéger les patients et pour garantir qu’un tel incident ne se reproduise plus", a ajouté l'établissement.

À ce jour, Krystena Murray n’a toujours pas pu savoir si ses propres embryons avaient été transférés à un autre couple ou s’ils étaient toujours stockés au sein de la clinique.

"J’avais réfléchi aux conséquences de la FIV dès le début", comme les risques de saignement, d’infection ou encore de stérilité a reconnu l’Américaine qui n’a pas revu le petit garçon depuis qu’elle l’a confié à ses parents biologiques. "Je n’ai jamais envisagé que je pourrais donner naissance à l’enfant de quelqu’un d’autre et qu’il me soit retiré. Et je pense que les femmes devraient être conscientes de cette possibilité."