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Virologie

Un nouveau coronavirus, présent chez des chauves-souris, peut pénétrer dans les cellules humaines

Par Mégane Fleury

Ce nouveau coronavirus, présent chez des chauves-souris utilise un processus similaire à celui du SARS-CoV-2 pour pénétrer dans les cellules humaines. Le risque pandémique demeurerait faible. 

Outback to Coast/istock
Une nouvelle souche de coronavirus a été découverte chez des chauves-souris en Chine.
Elle aurait le potentiel d’infecter les cellules humaines, mais le risque demeure mesuré.
Des cibles thérapeutiques ont déjà été identifiées.

Cinq ans après l’identification de la Covid-19, des chercheurs chinois découvrent un autre coronavirus. Dans la revue Cell, des scientifiques de l’Institut de virologie de Wuhan annoncent avoir identifié une nouvelle souche chez des chauves-souris, appelée HKU5-CoV-2, capable d’infecter des cellules humaines. 

SARS-CoV-2 et nouveau coronavirus : des processus similaires d’infection des cellules humaines 

"Nous avons rapporté la découverte d'une nouvelle lignée HKU5-CoV (HKU5-CoV-2) chez les chauves-souris qui utilise efficacement l'ACE2 humain comme récepteur fonctionnel", indiquent les auteurs. Ce dernier est aussi nécessaire au SARS-CoV-2 pour pénétrer dans les cellules humaines. "Pour infecter son hôte, le virus SARS-CoV‑2 s’attache à une protéine présente à la surface des cellules, notamment pulmonaires : le récepteur ACE2", précise ainsi l’Inserm. Les chercheurs de l’Institut de virologie de Wuhan précisent que ce nouveau virus dispose d’un mécanisme similaire à celui du SARS-CoV-2 qui lui permet de se fixer à ce récepteur : le site de clivage de la furine. "Ce site de clivage favorise en particulier l’entrée du virus dans les cellules épithéliales respiratoires (en particulier celles des poumons)", indique l’Institut Pasteur. Ces points communs avec le virus responsable de l’épidémie de Covid-19 laissent craindre une possible contamination humaine. Les scientifiques chinois soulignent toutefois que HKU5-CoV-2 ne parvient pas à pénétrer aussi facilement dans les cellules humaines, en comparaison au SARS-CoV-2. 

Coronavirus chez les chauves-souris : doit-on craindre une nouvelle épidémie ?

Dans la première partie de leur expérience, ils ont observé la contamination de cellules humaines par le nouveau coronavirus dans des essais en tubes, puis sur des modélisations de cellules intestinales et des voies aériennes. Dans un second temps, ils ont identifié des cibles thérapeutiques capables d’agir contre HKU5-CoV-2. Les auteurs concluent donc que le risque d’émergence du virus chez les populations humaines ne doit pas être exagéré.

Ce constat est partagé par différents experts. Dans le Journal de Montréal, Christian Jacob, ex-président de l’Association des microbiologistes du Québec, appelle à la prudence. "Il faut continuer à l’étudier, souligne-t-il. Peut-être que ce n’est pas lui qui va être [d’une grande] importance, mais si on en trouve un dans 5 ans qui a le même mécanisme d’action, en ayant étudié celui-là, on aura déjà des pistes de solutions." Dans le Mirror, un autre scientifique, le Dr Michael Osterholm, spécialiste des maladies infectieuses à l'université du Minnesota, estime que les réactions d'inquiétude face à cette étude sont "exagérées". Il rappelle que la population humaine a développé davantage d'immunité face aux coronavirus depuis la pandémie, ce qui pourrait réduire le risque d'une propagation mondiale de ce nouveau virus.