- Des chercheurs ont créé des organoïdes des trompes de Fallope pour étudier l’infertilité.
- Ces structures en 3D permettent de reproduire certaines fonctions des organes humains.
- Ce nouvel outil pourrait améliorer les techniques de PMA.
Les problèmes de fertilité touchent de nombreuses personnes en France et dans le monde. Selon le ministère de la Santé, 123.174 tentatives d’aides médicales à la procréation ont été réalisées dans le pays en 2020. Mais ces techniques ne fonctionnent pas toujours. À Toulouse, des équipes du CHU, de l’université et de l’Inserm ont mis au point un nouvel outil, capable d’améliorer la réussite de la PMA. Dans la revue Human Reproduction, ils expliquent avoir conçu des organoïdes humains de trompes de Fallope. Ces dernières appartiennent à l’appareil reproducteur féminin : elles transportent l’ovocyte pour permettre sa rencontre avec les spermatozoïdes.
PMA : qu’est-ce qu’un organoïde ?
"Les organoïdes sont de petites structures biologiques en 3D qui reproduisent certaines fonctions d’un organe, expliquent-ils dans un communiqué. Comme les trompes de Fallope sont le lieu d’événements majeurs pour la reproduction – notamment le maintien de la mobilité et l’acquisition du pouvoir fécondant des spermatozoïdes –, l’hypothèse des scientifiques était qu’une version organoïde des trompes de Fallope pourrait, en reproduisant des conditions proches de celles de l’organe in vivo, améliorer les capacités fécondantes des spermatozoïdes de manière plus efficace que dans les conditions in vitro appliquées au cours d’une PMA." Ces structures ont été mises au point grâce aux tissus de patientes ayant subi une ablation contraceptive.
Une technique prometteuse pour améliorer les chances de réussite de la PMA
"Rapidement, les cellules isolées des trompes ont formé des organoïdes. Par rapport à d’autres expériences du même type, nos organoïdes étaient différents puisqu’ils avaient des caractéristiques morphologiques plus avancées et des dimensions exceptionnelles, souligne Guillaume Perez, chercheur à l’Université de Toulouse et co-auteur de l’étude. Ils étaient également tout à fait aptes à ce pour quoi ils ont été conçus : accueillir des spermatozoïdes humains." Grâce à une mise en culture combinée de ces organoïdes et des spermatozoïdes, les chercheurs toulousains ont reproduit l’arrivée de ces derniers dans les trompes. Cette méthode a permis d’obtenir une mobilité qualitativement et quantitativement supérieure des spermatozoïdes, en comparaison à celle obtenue avec les milieux utilisés d’ordinaire dans le cadre de la PMA.
Organoïdes : de futures applications en médecine de la reproduction ?
Face à ces premiers résultats encourageants, les scientifiques annoncent qu’ils vont poursuivre leurs travaux pour étudier plus précisément les interactions entre les trompes de Fallope et les spermatozoïdes, les ovocytes ou les embryons, et ainsi mieux comprendre certaines infertilités. Pour Nicolas Gatimel, praticien hospitalier au sein du centre de PMA du CHU de Toulouse et professeur universitaire à l’Université de Toulouse au sein du laboratoire Développement embryonnaire, fertilité et environnement (DEFE - Inserm/UM/UT), ce travail pourrait améliorer "les conditions de préparation et de culture des spermatozoïdes et des embryons pour la PMA", et ainsi offrir de nouvelles perspectives pour les couples ayant des difficultés à concevoir.