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Semaine de sensibilisation à l'obésité

Obésité en France : pourquoi si peu de patients consultent-ils ?

Par Stanislas Deve

Stigmatisation des patients, manque de formation des médecins... Alors qu’environ dix millions de Français adultes sont en surpoids ou obèses, seuls 7,6 % d’entre eux ont consulté un médecin à ce sujet au cours de la dernière année. Des initiatives régionales émergent pour les inciter à trouver de l’aide.

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Près d'un adulte sur deux en France est en surpoids ou obèse, mais seuls 7,6 % consultent un médecin pour ce problème. La stigmatisation, le manque d’information et l'absence de coordination des soins freinent la prise en charge.
Face à cela, le dispositif GPS Obésité, testé dans trois régions, propose une approche pluridisciplinaire pour améliorer l'accompagnement des patients et la formation des médecins.
Avec des résultats encourageants, il sera étendu en 2025 à 18 départements, marquant un tournant dans la lutte contre l'obésité, qui reste un enjeu majeur de santé publique.

Chaque année, la Journée mondiale de l'obésité du 4 mars met en lumière une réalité qui devrait nous alarmer : en France et ailleurs dans le monde, près d'un adulte sur deux est en situation de surpoids ou d'obésité, selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Près de dix millions de Français majeurs sont aujourd’hui touchés par la pathologie. Pourtant, les consultations médicales pour un problème de poids restent rares. Pourquoi un si grand écart entre la prévalence de cette maladie et sa prise en charge ?

Un déni médical et social persistant

Malgré la reconnaissance de l'obésité comme une maladie chronique par l'OMS depuis 1997, seuls 7,6 % des Français concernés ont consulté un professionnel de santé à ce sujet au cours des douze derniers mois, selon un communiqué du programme médico-éducatif GPS-Obésité. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce décalage.

D'abord, la stigmatisation sociale de l'obésité freine de nombreux patients qui, de peur d'être jugés, s’empêchent de solliciter de l’aide. C’est d’autant plus vrai pour les malades issus d’un milieu défavorisé. Ensuite, le manque d'information, de formation et de coordination des médecins sur cette pathologie complique l'accès à un parcours de soins adapté. Les généralistes peuvent en effet "avoir un sentiment d’impuissance et de complexité face à l’obésité de leurs patients", au point d’"hésite[r] souvent à évoquer la maladie".

Les obstacles ne s'arrêtent pas là. L'éducation thérapeutique, essentielle pour une prise en charge efficace mais souvent cantonnée à l’hôpital, n'est pas systématiquement remboursée par l'Assurance Maladie. Un manque de soutien financier qui favorise souvent une prise en charge tardive, et donc une augmentation des interventions chirurgicales liées à l’obésité, lesquelles ont triplé en dix ans.

Vers une meilleure prise en charge de l’obésité

Face à ce fléau qui gagne du terrain, des initiatives se mettent en place. Depuis quatre ans, trois régions pilotes (Hauts-de-France, Île-de-France et Centre-Val de Loire) testent notamment un dispositif innovant : GPS Obésité. Son objectif ? "Déstigmatiser, sensibiliser" et proposer une approche pluridisciplinaire et coordonnée pour prendre en charge l'obésité à travers le prisme médical, social et sociétal. Ce parcours inclut une meilleure formation des professionnels de santé et une valorisation de leur engagement via une augmentation de leurs forfaits.

Les premiers résultats sont encourageants : 430 patients ont déjà bénéficié de ce programme et 180 professionnels ont été formés, dont 71 médecins. En 2025, le dispositif va être étendu à 18 départements. L'objectif reste le même : accompagner un nombre croissant de patients tout en aidant les médecins à mieux prendre en charge cette maladie complexe. Et montrer que lutter contre l'obésité n’est pas seulement une question de volonté individuelle, mais bel et bien un enjeu de santé publique qui nécessite une mobilisation collective.