En France, plus de 93.000 personnes atteintes d’insuffisance rénale chronique (IRC) nécessitent un traitement de suppléance, c’est-à-dire une dialyse ou une transplantation rénale, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Cette pathologie, l’IRC, se caractérise par la destruction progressive et irréversible des reins, qui n’exercent plus leur fonction de filtres du sang.
56 % plus à risque de troubles mentaux graves chez les patients atteints d’IRC
Une nouvelle étude, publiée dans la revue American Journal of Kidney Diseases, montre que les patients atteints d’IRC sont plus à risque de développer des troubles mentaux graves. Pour le prouver, les scientifiques ont étudié les données de plus de 30.000 patients atteints d’IRC entre 2008 et 2020. Leur but était d’estimer la prévalence de trois troubles mentaux graves : la schizophrénie, le trouble bipolaire et la dépression sévère.
Résultats : la prévalence globale de ces trois troubles mentaux graves était de 7,3 % chez les participants, soit 56 % de plus que dans la population générale. Dans le détail, la prévalence de chaque trouble était le suivant :
- 0,5 % pour la schizophrénie
- 2,1 % pour le trouble bipolaire
- 5,6 % pour le trouble dépressif majeur
Les troubles mentaux impactent la prise en charge de l’IRC
"Nos résultats montrent que les patients atteints à la fois d'une maladie rénale et d'une maladie mentale ont un taux de mortalité plus élevé et une détérioration plus rapide de la fonction rénale, indique Nanbo Zhu, l’un des auteurs, dans un communiqué. Il est important que nous améliorions les soins prodigués à ces patients en identifiant et en traitant mieux leurs problèmes de santé mentale”.
Car ces troubles mentaux peuvent aussi impacter la prise en charge. En effet, les scientifiques montrent que les personnes atteintes de schizophrénie et de trouble bipolaire sont moins susceptibles de recevoir un traitement de suppléance rénale.
“Plus de 10 % des adultes dans le monde souffrent d'une maladie rénale chronique, et bon nombre de ces patients ont également des problèmes de santé mentale, souligne Nanbo Zhu. Les recherches précédentes se sont principalement concentrées sur les maladies mentales courantes telles que la dépression et l'anxiété, mais notre étude souligne la nécessité de prêter également attention aux maladies mentales moins courantes mais graves.”
Les scientifiques espèrent que cette étude sensibilisera les professionnels de la santé aux conséquences des troubles mentaux graves qui peuvent toucher et impacter les patients atteints d’IRC. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne sur huit présente un trouble mental dans le monde.