- Les antidépresseurs peuvent accélérer le déclin cognitif chez les personnes atteintes de démence.
- L'étude montre que le repli du déclin cognitif varie selon l'antidépresseur.
- L'escitalopram enregistre l'effet négatif le plus important.
L’anxiété, la dépression, l'agressivité et les troubles du sommeil font partie des symptômes de la démence. Des antidépresseurs sont généralement prescrits pour les soulager. Mais cela pourrait être contre-productif.
Une étude du Karolinska Institutet (Suède) montre que les patients atteints de démence traités avec ces médicaments présentent un déclin cognitif plus rapide que ceux qui n’en prennent pas.
Les résultats ont été publiés dans la revue BMC Medicine, le 25 février 2025.
Antidépresseurs et démence : un déclin des capacités cognitives plus rapide
Pour identifier les effets des antidépresseurs sur les personnes souffrant de démence, les chercheurs ont repris les dossiers médicaux de 18.740 patients qui en souffrent. 23 % d’entre eux ont été traités avec des antidépresseurs. L’équipe a comptabilisé un total de 11.912 prescriptions d'antidépresseurs, dont 65 % étaient des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Les capacités cognitives des participants étaient régulièrement évaluées.
Les résultats montrent que la prise d’antidépresseurs était associée à un déclin cognitif accru des malades. Toutefois, il n’est pas possible pour le moment de déterminer si la déficience cognitive est due aux médicaments ou aux symptômes dépressifs eux-mêmes. Autre constat : l'association était plus forte chez les malades atteints de démence sévère.
ISRS et déclin cognitif : le lien était le plus important avec l’escitalopram
En analysant les données recueillies, les scientifiques ont également remarqué que les effets des antidépresseurs différaient selon les médicaments. L'escitalopram, un ISRS, a été associé au déclin cognitif le plus rapide (-0,76 point/an). Il est suivi par deux autres ISRS : citalopram (-0,41 point/an) et sertraline (-0,25/an). Autre élément à noter : la mirtazapine, qui a un mécanisme d’action différent, a eu moins d’impact cognitif négatif (-0,19 point/an).
"Les symptômes dépressifs peuvent à la fois aggraver le déclin cognitif et altérer la qualité de vie, il est donc important de les traiter. Nos résultats peuvent aider les médecins et autres professionnels de la santé à choisir les antidépresseurs les mieux adaptés aux patients atteints de démence", explique Sara Garcia Ptacek du Karolinska Institute dans un communiqué.
L’équipe de l’université suédoise va poursuivre ses travaux en se concentrant sur certains groupes de patients, comme les personnes atteintes de types de démence ou de biomarqueurs spécifiques. "L’objectif est de trouver ces sous-groupes pour créer des soins plus individualisés", ajoute l’experte.