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Cardiologie

L’infarctus du myocarde, première cause de mortalité chez les Françaises

L’Académie nationale de médecine met en évidence des inégalités dans la prise en charge de la crise cardiaque chez les femmes entraînant une "surmortalité".

L’infarctus du myocarde, première cause de mortalité chez les Françaises eternalcreative/iStock




L'ESSENTIEL
  • Bien que la crise cardiaque soit la première cause de mortalité féminine en France, sa prise en charge est moins efficace chez les femmes que chez les hommes.
  • Selon l’Académie nationale de médecine, cette disparité est liée à un retard de l’appel des patientes aux secours et de diagnostic des services d’urgence.
  • D’après les données, les Françaises ne reçoivent pas un traitement optimal post infarctus et très peu bénéficient de la réadaptation après la crise cardiaque.

Accident vasculaire cérébral, amylose, insuffisance cardiaque… Les maladies cardiovasculaires constituent la deuxième cause de mortalité en France. Cependant, chez les femmes, elles restent la première cause devant le cancer du sein, qui a longtemps été au centre des préoccupations en matière de santé féminine. "L’infarctus du myocarde est la complication la plus grave de l’athérosclérose coronaire et nécessite une prise en charge urgente dans des centres spécialisés. Des registres nationaux ont démontré une inégalité dans la prise en charge de l’infarctus chez la femme entrainant une surmortalité", a signalé l’Académie nationale de médecine dans un récent rapport. Afin de mieux comprendre les raisons de cette inégalité, l’institution a auditionné des experts en cardiologie et en sociologie. De plus, cette dernière a aussi analysé les données françaises et internationales recueillies à partir de la revue de la littérature, une évaluation des tendances et des lacunes dans la compréhension des mécanismes spécifiques, la prise en charge et les différences de pronostic de l'infarctus chez les patientes.

Infarctus du myocarde : les femmes sont beaucoup moins bien prises en charge que les hommes

Pour rappel, "le traitement de l’infarctus du myocarde est la revascularisation coronaire en urgence appelé l’angioplastie primaire. Les recommandations européennes définissent des délais très précis. En effet, à chaque minute d’occlusion coronaire des cellules myocardiques sont détruites". Selon les informations, lorsqu’un infarctus du myocarde survient en France, un retard de 30 minutes est observé dans la prise en charge de la femme par rapport à l’homme. Ce délai correspond principalement au temps écoulé entre le début d’apparition des symptômes et le contact médical, dit "délai patient". "Par ailleurs, 20 % des femmes vont aller dans un service d’accueil des urgences ou chez leur généraliste car l’appel aux services d’urgences n'a pas été suivi d’effet."

Une fois la prise en charge décidée, le délai entre cette prise en charge et la revascularisation coronaire est plus long chez les Françaises. En ce qui concerne la mortalité hospitalière globale, elle est de 9,6 % chez les femmes contre 3,9 % chez les hommes. Les femmes bénéficient significativement moins du traitement optimal indiqué après la crise cardiaque par les recommandations européennes et américaines incluant statines et bétabloquants ainsi que de l’accès à la réadaptation. "Cette différence a été retrouvée dans différents registres et de manière concordante dans différents pays. (…) Ces inégalités de prise en charge entre l’homme et la femme dans le cadre de l’infarctus étaient également retrouvées dans les mêmes proportions aux États-Unis. Le Pr Mirvat Alasnag a fait le même constat en ce qui concerne le moyen Orient, avec les mêmes différences de délais", peut-on lire dans l’étude.

https://www.pourquoidocteur.fr/MaladiesPkoidoc/710-Infarctus-du-myocarde-empecher-les-cellules-du-coeur-de-mourir

Des recommandations pour améliorer la prise en charge de la crise cardiaque chez les patientes

D’après l’Académie nationale de médecine, les retards de diagnostic chez les femmes seraient liés à des différences anatomiques, notamment des "artères coronaires généralement plus petites et plus sinueuses" que celles des hommes. Ces dernières peuvent rendre les procédures d’angioplastie coronaire en urgence plus difficiles et "augmenter le taux de complication per et post-procédure". En outre, les patientes sont sous-représentées dans les études cliniques et de recherche en cardiologie. "Il est essentiel que les chercheurs et les professionnels de santé reconnaissent l'importance de l'inclusion équilibrée des femmes dans les études cliniques pour garantir une compréhension complète des maladies cardiovasculaires et l’efficacité de la prise en charge médicamenteuses chez les deux sexes. Il est également important de développer une recherche spécifique aux femmes dans le domaine des maladies cardiovasculaires."

À l’issue de ces travaux, l’institution a proposé des solutions. Parmi elles, on retrouve la mise en place de programmes de formation pour les professionnels de santé notamment au niveau des services d’accueil des urgences et du SAMU afin de mieux reconnaître et comprendre les particularités de l'infarctus chez les femmes. L’Académie nationale de médecine évoque également la sensibilisation du public, en éduquant les femmes sur les facteurs de risque cardiovasculaire classiques et spécifiques et les symptômes de l'infarctus, et changer la perception de cette maladie comme étant principalement masculine. "Il est important devant toute douleur thoracique d’appeler le 15 et non d’aller aux urgences ou d’appeler son médecin." Autre recommandation : élaborer des protocoles de soins qui tiennent compte des particularités anatomiques et des causes spécifiques de l'infarctus chez les femmes.

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