L'amyotrophie spinale (SMA) est une maladie neurodégénérative rare d’origine génétique qui se déclare avant même la naissance. Aux États-Unis, elle touche environ un nouveau-né sur 11.000. Une équipe de chercheurs de l'hôpital pour enfants St. Jude, aux Etats-Unis, a réalisé une avancée scientifique inédite en administrant, pour la première fois, un traitement prénatal par voie orale contre cette pathologie. Deux ans et demi après sa naissance, aucun symptôme caractéristique de la maladie n'a été détecté chez l’enfant. Les détails de cas unique ont été publiés dans le New England Journal of Medicine.
Un espoir pour le traitement prénatal de la SMA
La SMA est due à une mutation du gène SMN1, qui code pour la protéine de survie des motoneurones de la moelle épinière, essentielle au bon fonctionnement musculaire et donc au mouvement. La maladie survient lorsque les deux parents transmettent à leur enfant le gène déficient dont ils sont porteurs. Dans sa forme la plus grave (SMA de type 1), comme dans le cas de cette fillette, elle entraîne une détérioration musculaire progressive et, en l'absence de traitement, conduit au décès. Jusqu'à présent, les traitements existants ont permis d'améliorer la survie et la fonction motrice des nourrissons, à condition qu'ils soient administrés rapidement après la naissance. Reste que ces interventions ne permettent pas de guérir la maladie.
En quête de solutions, les chercheurs de St. Jude ont conçu un protocole clinique unique pour tester l'administration prénatale d'un médicament, le risdiplam, sur un fœtus dont les parents étaient porteurs de mutations génétiques associées à la SMA et qui avaient déjà perdu un enfant de cette maladie. Un diagnostic prénatal par amniocentèse avait d’ailleurs confirmé l'absence du gène de survie des motoneurones chez le fœtus, prédisant un développement certain de la SMA de type 1.
Le risdiplam a été administré par voie orale à la mère durant les six dernières semaines de la grossesse. Habituellement prescrit après la naissance, il agit en modifiant l’expression du gène SMN2 (cousin du SMN1) afin qu’il produise davantage de protéines SMN. Résultat, à la naissance de la fillette, "nous n'avons observé aucun symptôme de la SMA au cours des examens", affirment les scientifiques dans un communiqué. Le nourrisson a certes présenté trois anomalies développementales (une malformation cardiaque qui s'est résolue spontanément, une hypoplasie du nerf optique et une asymétrie du tronc cérébral), mais celles-ci ont été considérées par les chercheurs comme étant survenues au début du développement fœtal, avant l'exposition au médicament.
Une révolution de la prise en charge de la SMA ?
Désormais âgé de deux ans et demi, l'enfant, qui a commencé à prendre le traitement à huit jours et devra "probablement" le prendre à vie, ne montre toujours aucun signe de la maladie. Elle a un "développement musculaire normal sans aucun signe d’atrophie", précisent les chercheurs. Cette étude pionnière confirme donc non seulement la faisabilité, mais aussi la sécurité de l'approche prénatale. Elle ouvre la voie à des recherches plus poussées pour déterminer si une intervention in utero pourrait bel et bien révolutionner la prise en charge de cette maladie.