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Mortalité

Suicide : une hausse du taux de 40 % chez les jeunes femmes entre 2020 et 2022

Par Geneviève Andrianaly

Une étude de la Drees met en avant un mal-être croissant chez les adolescentes et les jeunes femmes, dont les hospitalisations pour des gestes auto-infligés ont augmenté au cours des dernières années.

spukkato/iStock
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Dans un récent rapport, l’Observatoire national du suicide a signalé que le taux de suicide chez les jeunes femmes a augmenté de près de 40 % (passant de 1,15 à 1,60 pour 100.000) entre 2020 et 2022.
Néanmoins, elles demeurent la population chez qui le taux de suicide est le plus faible.
En 2023, "516 femmes de 15 à 19 ans sur 100.000 ont été hospitalisées pour des gestes auto-infligés (46 % par rapport à 2017)."

Le 25 février dernier, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié le sixième rapport de l’Observatoire national du suicide. Celle-ci révèle des problèmes de santé mentale chez les jeunes femmes de moins de 25 ans. Dans le détail, depuis 2017, le nombre d’hospitalisations pour des gestes auto-infligés n’a fait que s'accroître, s’est accéléré à partir de 2021 et a persisté au-delà de la période post-Covid. En 2023, "516 femmes de 15 à 19 ans sur 100.000 ont été hospitalisées pour des gestes auto-infligés (+ 46 % par rapport à 2017), plus de quatre fois le taux observé chez les hommes (113 sur 100.000)." Pour rappel, les gestes auto-infligés comptabilisent (sans pouvoir les distinguer) les tentatives de suicide et les automutilations non suicidaires, telles que les scarifications.

Chez les jeunes femmes, le taux de suicide est passé de 1,15 à 1,60 pour 100.000 en deux ans

L’étude montre également que chez les moins de 25 ans, le suicide constitue la deuxième cause de mortalité. Entre 2020 et 2022, le taux de suicide chez les jeunes femmes a augmenté de près de 40 % (passant de 1,15 à 1,60 pour 100.000). Cependant, elles demeurent la population chez qui le taux de suicide est le plus faible. Plus largement, chez tous les jeunes, le taux de suicide est le moins élevé : 2,7 pour 100.000 chez les moins de 25 ans, contre 13,3 pour l’ensemble de la population. En effet, le risque de décès par suicide est beaucoup plus élevé chez les personnes les plus âgées, femmes comme hommes. "Le taux de suicide des personnes de 85-94 ans est de 35,2 pour 100.000, près du triple du taux mesuré pour l’ensemble de la population. À cet âge, les hommes font face à un risque huit fois plus élevé que les femmes et 25 fois plus important que les hommes de moins de 25 ans. De plus, leur taux de suicide augmente nettement entre 2021 et 2022, passant de 77 à 86 suicides pour 100.000 habitants", peut-on lire dans l’étude.

Troubles psychiques : "la possibilité de recourir à l’aide active à mourir permet un début de prise en charge du mal-être"

L’Observatoire national du suicide a également abordé la question de l’ouverture d’une aide active à mourir (AAM), qui est, depuis plusieurs années, au centre du débat public et parlementaire. Son "ouverture aux personnes atteintes de troubles psychiques pose question, l’évaluation de la demande se heurtant à de nombreuses difficultés. En revanche, on ne semble pas observer d’effets de 'report' des suicides vers les dispositifs d’AAM dans les pays où ceux-ci ont été légalisés ou autorisés par la jurisprudence. Lorsque l’AAM existe, toutes les demandes de mort sont loin d’aboutir et, dans certains cas, la possibilité de recourir à l’AAM permet un début de prise en charge du mal-être, ouvrant une perspective – certes contre-intuitive – de prévention du suicide."

En conclusion, la Drees rappelle qu’en cas de détresse ou de pensées suicidaires, les personnes peuvent contacter le numéro national de prévention du suicide, le 3114. Au bout du fil, un professionnel, spécifiquement formé à la prévention du suicide, pourra les écouter.