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Mars bleu

Cancer colorectal : les lipides peuvent prédire l'efficacité du traitement

Par Diane Cacciarella

Alors que le mois de sensibilisation au dépistage du cancer colorectal vient de débuter, une nouvelle étude montre que des espèces lipidiques modifiées chez les patients peuvent servir de marqueurs pronostiques potentiels après une chimiothérapie.

Panuwat Dangsungnoen/iStock
Des chercheurs ont identifié des altérations lipidiques dans les cellules cancéreuses résistantes à la chimiothérapie.
Plus précisément, pour une lignée cellulaire, la résistance était associée à une augmentation des triglycérides et des esters de cholestérol, deux lipides. Dans les trois autres lignées, elle était associée à une augmentation des phospholipides.
À terme, cette étude pourrait même permettre la mise au point de stratégies thérapeutiques personnalisées pour éviter la résistance au traitement.

Mars bleu. C'est le mois consacré à la mobilisation contre le cancer colorectal. Cette maladie reste, en France, la deuxième cause de décès par cancer chez les hommes et la troisième chez les femmes, selon le Panorama des cancers en France – Édition 2024. S’il est détecté tôt, le cancer colorectal se guérit dans 9 cas sur 10. Mais souvent, la maladie est diagnostiquée à un stade avancé, car les premiers symptômes ne sont généralement pas présents au début de la pathologie. À l'heure actuelle, le principal traitement contre le cancer colorectal est la chimiothérapie, selon l’Institut Curie. Celle-ci vise à détruire les cellules cancéreuses et peut-être administrée seule -  chimiothérapie exclusive - ou combinée à de la radiothérapie. Néanmoins, certains patients développent une résistance aux traitements, qui les rendent donc inefficaces avec le temps. Pour l’instant, les médecins ne peuvent pas prévoir quels patients vont développer cette résistance.

Des signatures lipidiques associées aux cellules cancéreuses résistantes à la chimiothérapie

Cependant, cela pourrait bientôt changer. Dans une étude publiée dans la revue International Journal of Molecular Sciences, des chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE) ont identifié des altérations spécifiques de certains lipides dans les cellules cancéreuses résistantes à la chimiothérapie. Ces signatures lipidiques pourraient donc permettre d'anticiper l’efficacité ou la résistance aux traitements. "L’identification d’espèces lipidiques altérées pourrait potentiellement servir de marqueurs pronostiques de cette résistance à la chimiothérapie, indique le Dr George M. Ramzy, premier auteur de l’étude, dans un communiqué. De plus, la compréhension de ces changements pourrait aider à développer de nouvelles stratégies thérapeutiques pour surmonter cette résistance, et pourrait jouer un rôle très important pour restaurer la sensibilité aux médicaments”.

Cancer colorectal : "une approche personnalisée" en raison des différents profils génétiques

Lors de leurs travaux, les scientifiques ont étudié quatre lignées de cellules cancéreuses, aux profils génétiques différents, provenant de quatre patients. Ces échantillons ont été divisés en deux groupes : ceux qui ont reçu un traitement de chimiothérapie (jusqu’à 60 semaines, temps nécessaire à ce que la résistance se développe) et ceux qui n’ont pas été traités. Les chercheurs ont ensuite analysé et comparé le profil lipidique - ce qu’ils appellent le "lipidome" - des cellules cancéreuses résistantes à la chimiothérapie avec celui des participants n’ayant reçu aucun traitement.

Résultat : pour une lignée cellulaire, la résistance était associée à une augmentation des triglycérides et des esters de cholestérol, deux lipides. Dans les trois autres lignées, elle était associée à une augmentation des phospholipides. "Ces différences s’expliquent par les profils génétiques différents de chaque individu, souligne George M. Ramzy. Chaque patient est différent. Cela explique la variabilité de l’efficacité des traitements, et donc l’importance d’une approche personnalisée”. À terme, cette recherche pourrait donc permettre la mise au point de stratégies thérapeutiques personnalisées pour éviter la résistance à la chimiothérapie. Néanmoins, avant cela, d’autres expériences devront être menées.