Le stress chronique peut modifier votre façon d'apprendre et, par conséquent, de prendre des décisions. Dans une récente étude, parue dans la revue Nature, des chercheurs de l'université de Californie (États-Unis) ont voulu examiner les mécanismes des circuits neuronaux qui permettent cela. "Leur compréhension pourrait mettre en lumière les vulnérabilités dans des troubles tels que la toxicomanie, les troubles obsessionnels compulsifs et la dépression."
Après l’induction du stress, des souris ont fait des tâches pour obtenir de la nourriture
Pour mener à bien les travaux, l’équipe a eu recours à une approche neuroscientifique systémique à multiples facettes chez des souris mâles et femelles. Lors de l’expérience, un stress chronique léger et imprévisible a été induit par une exposition pseudo-aléatoire et inattendue à des facteurs de stress, notamment une litière humide, un basculement de la cage, un bruit blanc, une illumination continue, une contention physique et des chocs avec les pieds pendant 14 jours. Afin de vérifier que les rongeurs soient bien en état de stress, leurs niveaux de corticostérone dans le sang ont été analysés et se sont révélés être élevés. De plus, le poids des animaux diminuait.
Ensuite, les souris ont été soumises à de courtes séances d'entraînement au cours desquelles des pressions sur le levier permettaient d'obtenir de la nourriture. "La photométrie à fibres a enregistré des signaux neuronaux dans les circuits amygdale basolatérale - striatum dorsomédial et amygdale centrale - striatum dorsomédial. Des manipulations optogénétiques et chimiogénétiques ont permis de déterminer comment ces circuits contrôlent l'apprentissage orienté vers un but ou la formation d'habitudes." Le comportement des rongeurs a également été observé à partir des tâches de pression sur un levier.
Deux voies par lesquelles le stress chronique perturbe l’adaptation et favorise les habitudes rigides
Les résultats ont montré que les animaux témoins ont moins appuyé sur le levier lorsque la récompense était dévaluée, ce qui indique que les capacités d’adaptation sont préservées. En revanche, les souris stressées se sont montrées insensibles à la diminution de la récompense, ce qui indique une perturbation de l'apprentissage de l'action et de l'issue et une formation prématurée des habitudes.
Autre constat : le circuit amygdale basolatérale - striatum dorsomédial était activé par les récompenses pendant l'apprentissage chez les rongeurs témoins, mais supprimé chez les animaux stressés, "ce qui a perturbé les associations action-résultat." Inversement, le circuit amygdale centrale - striatum, généralement inactif au cours de l'apprentissage précoce, est activé progressivement après un stress, ce qui facilite la formation d'habitudes.
Ainsi, les données ont révélé que le stress chronique diminuait la prise de décision flexible médiée par le circuit amygdale basolatérale - striatum dorsomédial et utilise le circuit amygdale centrale - striatum pour promouvoir des habitudes inflexibles. D’après les auteurs, les vulnérabilités induites par le stress aux comportements compulsifs, y compris ceux liés à la consommation de substances et à d'autres troubles psychiatriques, pourraient avoir des circuits cérébraux ciblés pour des interventions thérapeutiques.