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Troubles alimentaires : les réseaux sociaux aggravent les risques chez les ados

Par Stanislas Deve

Surexposition à des corps "parfaits", culture de la minceur normalisée... Une étude pointe un lien préoccupant entre le temps passé devant les écrans et réseaux sociaux et les troubles du comportement alimentaire chez les enfants de 9 à 14 ans.

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Une étude révèle que plus les enfants de 9 à 14 ans passent du temps devant les écrans et les réseaux sociaux, plus ils sont susceptibles de développer des troubles du comportement alimentaire, comme l'anorexie mentale, la boulimie et l'hyperphagie boulimique.
L'exposition aux idéaux de minceur déforme leur perception de la réalité et favorise l'obsession du poids et des comportements alimentaires dangereux. Les réseaux normalisent des standards irréalistes, ce qui rend difficile la détection des contenus toxiques par les parents.
Pour protéger les jeunes, il est essentiel de surveiller leur fil d'actualité, limiter le temps d'écran et consulter un professionnel en cas de signes inquiétants liés à l'alimentation.

L’impact des écrans et des réseaux sociaux sur les jeunes inquiète de plus en plus, et une nouvelle étude ajoute une raison supplémentaire de s’en préoccuper : leur association avec les troubles alimentaires. La recherche, publiée dans la revue Eating and Weight Disorders, révèle que plus les enfants de 9 à 14 ans passent du temps devant l’écran, plus ils sont susceptibles de développer des troubles du comportement alimentaire, comme l'anorexie mentale, la boulimie et l'hyperphagie boulimique.

Une exposition permanente à des idéaux inatteignables

L’étude, menée sur plus de 10.000 enfants, a mis en évidence une corrélation entre le temps d'écran et des comportements tels que la peur de prendre du poids, l’hypervalorisation de l’apparence, les crises d’hyperphagie ou encore l’exercice excessif pour compenser. Deux ans après l'évaluation initiale, les participants enclins à un usage excessif des réseaux sociaux avaient un risque accru de manifester ce type de symptômes de troubles du comportement alimentaire. Ce n’est pas la première fois que des chercheurs établissent un lien entre la surconsommation d'écrans et les troubles alimentaires, selon un communiqué : une étude de 2021 avait notamment montré que chaque heure supplémentaire d'écran augmentait les risques de trouble de l'hyperphagie un an plus tard.

Le mythe des "corps parfaits"

Le lien entre les réseaux sociaux et les troubles alimentaires repose sur plusieurs facteurs. Les adolescents sont exposés à des images de corps "parfaits", souvent retouchées, qui déforment leur perception de la réalité. Imposant un idéal inatteignable, certains contenus encouragent même des comportements alimentaires dangereux, tandis que d'autres publicités exploitent le fait que des jeunes soient "mal dans leur peau" pour vendre des produits amaigrissants.

La pression du regard des autres, ainsi exacerbée, joue un rôle majeur. Sur les réseaux sociaux, l’apparence est constamment scrutée, entre compliments et critiques. "La culture de la minceur, avec des standards irréalistes, y est tellement normalisée que cela rend difficile la détection de ces contenus toxiques par les parents", notent les scientifiques.

Comment protéger les enfants ?

Les experts recommandent d’examiner les fils d’actualité de leurs enfants et d’y intégrer des contenus variés, incluant des corps de morphologies diverses et des centres d'intérêt non liés à l’image corporelle. D'autres mesures simples peuvent aussi réduire les risques : limiter le temps d'écran, particulièrement pendant les repas, et être attentif à tout changement dans les habitudes alimentaires ou la perception de soi.

Si un adolescent présente une obsession excessive pour son poids, son apparence ou son alimentation, consulter un professionnel de santé peut s’avérer déterminant pour prévenir ou traiter un trouble alimentaire. Les médecins, de leur côté, devraient intégrer le temps d'écran comme facteur de risque potentiel lorsqu'ils dépistent des troubles alimentaires chez les adolescents, concluent les auteurs de l’étude.