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Alimentation

Cancer de l’estomac : gare à l'excès de sel

Par Stanislas Deve

Une étude brésilienne révèle que le sucre ajouté et le sel augmentent le risque de cancer de l’estomac. Même les régimes sains ne sont pas sans danger dès lors qu'ils sont riches en sodium.

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Une alimentation riche en produits transformés et boissons sucrées accroît le risque de cancer de l’estomac, le sucre ajouté contribuant jusqu'à 21 %. Même un régime sain, mais riche en sodium, expose à un danger.
Le sel favorise la carcinogénèse en endommageant la muqueuse gastrique et en facilitant l’infection à Helicobacter pylori, une bactérie impliquée dans le développement des gastrites chroniques et des lésions précancéreuses dans l’estomac.
Alors que les Français consomment en moyenne 8 grammes par jour de sel, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande de limiter la consommation de sodium à moins de 2 g par jour. Et de ne pas dépasser 10 % des apports caloriques quotidiens en sucres ajoutés.

Le sucre et le sel, omniprésents dans notre alimentation, pourraient jouer un rôle majeur dans le risque de développer un cancer de l’estomac. C’est ce que révèle une nouvelle étude menée au Brésil et publiée dans la revue BMC Medicine. Tandis que le sucre ajouté semble être un facteur aggravant chez les adeptes de la malbouffe, le sel présenterait un risque quel que soit le régime alimentaire.

Le rôle du sodium dans le développement du cancer gastrique

L’étude, menée dans quatre grandes villes du Brésil – où le cancer gastrique est la sixième forme de cancer la plus courante – a analysé les données de près de 1.800 participants. Sur la base de questionnaires, les chercheurs ont défini deux grands types d'alimentation : le régime malsain, riche en viandes transformées, boissons sucrées et fast-food, et le régime sain, composé de fruits et légumes, avec une consommation limitée de sodium.

Les résultats montrent que les personnes suivant un régime malsain ont un risque accru de développer un cancer gastrique, "le sucre ajouté contribuant à hauteur de 7 à 21 % à cette association", selon un communiqué. D’autres études ici et ont déjà montré que la surconsommation de sucre favorise l’apparition de cancers d’une manière générale, notamment colorectal ou du sein.

Plus surprenant, un apport élevé en sodium a été associé au risque de cancer gastrique, même chez les participants qui suivaient une alimentation globalement saine. Et pour cause, selon les experts : le sel favorise la carcinogénèse en endommageant la muqueuse gastrique et en facilitant l’infection à Helicobacter pylori, une bactérie impliquée dans le développement des gastrites chroniques et des lésions précancéreuses dans l’estomac.

Les Français consomment quatre fois trop de sel

Au Brésil, environ 60 % de la population adulte dépasse toujours les recommandations en sodium, principalement en raison de la consommation de pain, de riz, de viandes et de produits céréaliers souvent riches en sel. Depuis 2022, le pays a mis en place de nouvelles réglementations sur l’étiquetage alimentaire afin d’aider les consommateurs à faire des choix plus sains. "Il ne s'agit pas de diaboliser les aliments, mais d'informer et d'éduquer la population sur les risques, explique l'oncologue Maria Paula Curado, qui a participé à l’étude. Il faut proposer des solutions adaptées à chaque culture plutôt que d'interdire certains aliments."

La France n’est pas meilleure élève : nous consommons en moyenne 8 grammes par jour de sel, soit l’équivalent de deux grosses cuillères à café, ce qui est beaucoup trop, d’après l’Assurance Maladie. Environ 80 % de cette quantité provient des aliments eux-mêmes : c'est le sel caché (pain, plats préparés...). Les 20 % restants correspondent au sel ajouté lors de la cuisson ou dans l’assiette.

Pour rappel, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande de limiter la consommation de sodium à moins de 2 g par jour et de ne pas dépasser 10 % des apports caloriques quotidiens en sucres ajoutés, soit environ 50 g par jour pour un régime à 2.000 kcal.