- Les adolescents souffrant d'obésité mangeaient plus tard dans la journée que leurs pairs ayant un poids santé, selon une nouvelle étude.
- De plus, leurs comportements alimentaires étaient fortement influencés par leur horloge biologique interne.
- Des études supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les liens entre l'alimentation, le cycle circadien et l'obésité.
En France, 4 % des enfants et adolescents de 6-17 ans souffrent d’obésité. S’il ne fait aucun doute que l’alimentation et la sédentarité jouent un rôle dans ce trouble de plus en plus fréquent, une nouvelle étude de Brigham and women’s hospital et de Warren Alpert Medical School of Brown University montre que le cycle circadien ne serait étranger, non plus, à la maladie du siècle.
Les résultats ont été publiés dans la revue The Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), le 18 février 2025.
Les adolescents obèses mangent plus tard que les autres
Pour mieux comprendre le rôle de l’horloge biologique dans les problèmes de poids des jeunes, les chercheurs ont réuni 51 adolescents d’un âge moyen de 13,7 ans. Ils ont été divisés en trois groupes en fonction de leur indice de masse corporelle (IMC) : 24 ont ainsi intégré le groupe “poids santé”, 13 celui du surpoids et 14 le groupe “obésité”. Afin de contrôler leur rythme circadien, l'équipe a fait suivre sept cycles veille/sommeil de 28 heures aux participants dans une faible luminosité pendant l'éveil et dans l'obscurité totale lors des phases de sommeil. De plus, les repères temporels ont été retirés du laboratoire, y compris les horloges et l'accès à la lumière extérieure.
Durant l’expérience, six repas à heure fixe étaient proposés aux volontaires. Ces derniers pouvaient manger autant qu'ils le souhaitaient. La nourriture consommée et l'apport calorique étaient notés. En journée, diverses activités étaient proposées aux jeunes, comme faire du bricolage, regarder des films (avec des lumières tamisées sur l'écran) et jouer à des jeux sociaux.
Résultat : dans les trois groupes, l'apport alimentaire a atteint son maximum en fin d'après-midi et en début de soirée et son niveau le plus bas le matin. "Ce qui démontre que l'horloge biologique du corps a un impact direct sur la quantité de nourriture que nous mangeons à différents moments de la journée", notent les auteurs dans leur communiqué.
Par contre, les adolescents obèses et en surpoids consommaient significativement plus de calories le soir, selon leur rythme circadien, que ceux ayant un poids santé. "Cette étude est la première à démontrer que la prise alimentaire elle-même est régulée par notre horloge biologique interne", ajoute Pr Frank AJL Scheer du Brigham and Women’s Hospital.
Obésité et rythme circadien : des études supplémentaires nécessaires
Si cette étude a mis en évidence l’impact du système circadien sur la consommation alimentaire et des différences en fonction du poids, "elle ne peut pas vérifier la question de « l’œuf et la poule » qui se pose en premier", préviennent les chercheurs. Ils ajoutent que des études supplémentaires sont donc nécessaires pour mieux comprendre les interactions entre l’alimentation, l’horloge biologique et le métabolisme.
"Le caractère crucial du développement de l’adolescent pour préparer le terrain à une vie en bonne santé souligne la nécessité de comprendre le rôle joué par les processus de sommeil/éveil et de rythme circadien dans le comportement alimentaire", estime la chercheuse principale de l’étude, Mary A. Carskadon de Warren Alpert Medical School. "Les connaissances acquises ici ouvrent la voie à des interventions potentielles qui peuvent améliorer la santé des adolescents à l’avenir."