- Le cancer de la prostate évolue parfois vers des formes agressives.
- Selon une nouvelle étude, cela serait lié à une combinaison de facteurs génétiques et de mutations spécifiques.
- Cette découverte pourrait permettre d'améliorer la détection des formes agressives, voire de les prévenir.
Le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l’homme en France. En 2021, 9.000 cas ont été recensés. "La plupart sont plutôt de bons pronostics, mais un petit nombre vont être des formes agressives qui vont s'accompagner d'un décès du patient", précise le Pr Stéphane Oudard, oncologue, sur le site de la Fondation pour la Recherche Médicale. Afin de mieux comprendre ces tumeurs agressives, des chercheurs des universités de Toronto, de Melbourne et de UCLA ont mené une vaste recherche génétique. Dans Cancer Discovery, ils expliquent avoir découvert 223 mutations, impliquées dans ces évolutions des tumeurs vers des formes agressives.
Une vaste étude sur la génétique du cancer de la prostate
"Les méthodes actuelles d'évaluation de l'agressivité tumorale sont limitées, et les traitements ciblent principalement la signalisation des androgènes, laissant aux patients peu d'options lorsque la résistance se développe, précisent ces scientifiques dans un communiqué. En fait, alors que certains cancers de la prostate sont agressifs, d'autres se développent si lentement qu'ils peuvent ne jamais causer de mal. La distinction entre ces types reste difficile, car les différences génétiques qui les sous-tendent n'ont pas été comprises." Pour combler ces lacunes, les chercheurs ont analysé les génomes de 666 tumeurs de la prostate, des cas légers à agressifs. Ces données représentaient l’équivalent de plus de 500 millions de pages de texte.
Cancer de la prostate : les facteurs génétiques sont impliqués dans les formes agressives
Cela leur a permis de découvrir que les variations génétiques héréditaires, connues sous le nom de SNP germinale, influencent l'évolution des tumeurs en affectant les "mutations somatiques" acquises pendant le développement de la tumeur. "L'interaction entre les facteurs génétiques héréditaires et le moment des mutations dans l'ADN de la tumeur est essentielle pour comprendre l'évolution du cancer de la prostate, souligne le Dr. Paul Boutros, professeur d'urologie et de génétique humaine à la David Geffen School of Medicine de l'UCLA, et co-auteur principal de l'étude. Certaines tumeurs peuvent devenir agressives en raison de mutations spécifiques, tandis que d'autres restent indolentes. Le hasard génétique et les traits héréditaires jouent tous deux un rôle dans la détermination de ces résultats."
Vers une prévention des formes agressives de cancer de la prostate ?
Pour les auteurs, ces travaux permettent de réfléchir différemment à l’évolution du cancer de la prostate. Pour le Dr. Boutros, la combinaison des marqueurs génétiques héréditaires au séquençage des tumeurs pourrait permettre un jour de prédire plus précisément l’agressivité du cancer et, potentiellement, de "découvrir de nouvelles façons de prévenir le cancer agressif de la prostate avant qu'il ne se développe".