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Addiction

Trois jours sans téléphone suffisent à modifier notre cerveau

Par Stanislas Deve

Une étude révèle que limiter l'usage du smartphone pendant 72 heures modifie l'activité du cerveau, notamment dans les zones liées à la récompense et à l'addiction.

Andreas Naegeli / istock
Une étude montre que limiter l'usage du smartphone pendant 72 heures modifie l'activité cérébrale, notamment dans les zones liées à la récompense et à l'addiction.
Des changements dans les neurotransmetteurs dopamine et sérotonine ont été observés, suggérant des effets comparables au manque ressenti dans d'autres dépendances.
Bien que le concept d'addiction au smartphone soit débattu, son usage excessif a des impacts négatifs sur la santé. D’où l'importance de réguler notre utilisation des technologies numériques.

Pour une majorité d'entre nous, le téléphone est souvent la première et la dernière chose que nous regardons chaque jour. Devenu une extension de nous-mêmes, s'en séparer peut apparaître comme une épreuve pour certains, voire une mission impossible. A tel point que restreindre l’usage de notre smartphone, ne serait-ce que pendant quelques jours, peut même modifier la chimie de notre cerveau, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Computers in Human Behavior.

Des changements dans le circuit de la récompense

Désireux de mesurer les effets du sevrage numérique, des chercheurs ont recruté 25 adultes de 18 à 30 ans, habitués à utiliser régulièrement leur smartphone, pour une expérience de restriction de 72 heures. Pendant cette période, ils étaient autorisés à utiliser leur téléphone uniquement pour des tâches essentielles : travail, activités quotidiennes et communication avec leurs proches.

Avant et après cette restriction, les participants ont répondu à des questionnaires évaluant leur humeur et leurs habitudes d'utilisation du smartphone. Ils ont également subi des examens par IRM fonctionnelle (IRMf) afin d'observer l'activité de leur cerveau quand on leur montrait des scènes neutres (paysages, bateaux...) et des smartphones allumés ou éteints, précise un communiqué.

Les résultats ont révélé une modification significative de l'activité dans les régions du cerveau associées à la récompense et à l'envie, des zones souvent impliquées dans les addictions aux substances ou à l'alcool. La restriction du téléphone a aussi affecté les neurotransmetteurs dopamine et sérotonine, responsables de la régulation de l'humeur et des émotions. Certains participants ont même manifesté des signes de manque, semblables à ceux observés dans les comportements addictifs. A noter que cela concernait aussi bien les utilisateurs intensifs que les usagers plus modérés.

Vers des habitudes numériques plus saines

L'expression "addiction au smartphone" fait aujourd'hui débat parmi les experts. S'ils sont nombreux à parler d'un phénomène de dépendance, certains estiment que le terme "addiction" simplifie à l’excès un phénomène complexe, qui englobe en réalité des dimensions émotionnelles, mentales et sociales. Reste que l'utilisation excessive du téléphone est de plus en plus étudiée en neurosciences en raison de ses conséquences négatives sur la santé physique et mentale.

Les auteurs de cette étude s'accordent à dire qu'une utilisation plus encadrée pourrait justement permettre d'éviter des effets comparables à ceux des addictions. Une prise de conscience collective s'avère essentielle pour mettre en place des habitudes numériques plus saines, concluent-ils.