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Drogues

Psychédéliques : les bad trips peuvent être liés à une mort prématurée

Par Geneviève Andrianaly

Les personnes nécessitant des soins hospitaliers pour l'usage d'hallucinogènes courent un risque élevé de décès, en particulier par suicide, dans les cinq ans. 

Motortion/iStock
Les soins intensifs pour consommation d’hallucinogènes sont associés à une mortalité toutes causes confondues 2,6 fois plus élevée dans les cinq ans.
Chez les personnes souffrant de troubles mentaux, de toxicomanie ou de comorbidités, des hausses similaires du risque de mortalité sont observées.
Les patients "présentaient un risque significativement plus élevé de décès par empoisonnement médicamenteux non intentionnel, maladie respiratoire et cancer."

LSD, cannabis, psilocybine, ecstasy… Après avoir consommé ces drogues, certaines personnes font un bad trip, à savoir une intoxication aigüe à ces substances ayant, théoriquement, un effet hallucinogène psychédélique. Cet état "peut conduire à une attaque de panique ou à un syndrome psychotique à tonalité paranoïaque avec des hallucinations. Il s’accompagne d’effets physiques non spécifiques, tremblements, sueurs, palpitations, nausées", selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), mais également de palpitations et de difficultés à respirer. D’après l’Académie de médecine, cette expérience désagréable est souvent passagère et "dure six à douze heures. Sa survenue est liée à l'appréhension d'une première expérience, au contexte anxiogène et à la dose administrée."

Les données de soins de santé de plus de 11,4 millions de Canadiens ont été examinées

Récemment, des chercheurs de l’université d'Ottawa ont révélé que les adultes ayant été aux urgences ou admis à l'hôpital pour un bad trip ont un risque accru de mortalité. Pour parvenir à cette conclusion, ces derniers ont mené une étude publiée dans la revue Canadian Medical Association Journal. Dans le cadre de celle-ci, l’équipe a utilisé les données administratives liées à la santé sur les visites aux urgences, les hospitalisations et les consultations externes chez le médecin de 11.415.713 personnes, âgées de plus de 15 ans, vivant en Ontario, au Canada. "Nous avons comparé la mortalité globale et par cause entre les membres de la population générale et les adultes ayant reçu des soins aigus (visite au service des urgences ou admission à l'hôpital) impliquant des hallucinogènes et d'autres substances."

Mortalité : 2,6 fois plus de risque chez les adultes faisant un bad trip et recevant des soins intensifs

Sur l’ensemble de l’échantillon, 7.953 ont reçu des soins intensifs pour consommation d'hallucinogènes. Le risque de décès dans les cinq ans pour les patients qui en ont bénéficié était presque 10 fois supérieur à celui d’une personne du même âge et du même sexe dans la population générale. Après avoir pris en compte d’autres problèmes de santé mentale et de toxicomanie ainsi que des comorbidités médicales, qui étaient beaucoup plus fréquentes chez les adultes consommant des hallucinogènes, les personnes ayant effectué reçu soins intensifs impliquant des hallucinogènes restaient exposées à un risque de 2,6 fois plus élevé de décès. "Ces dernières présentaient un risque significativement plus élevé de décès par empoisonnement médicamenteux non intentionnel, maladie respiratoire et cancer", ont précisé les auteurs qui estiment qu'il devrait être tenu compte de ces résultats dans la prise de décision clinique et politique, compte tenu de l'augmentation de l'utilisation des hallucinogènes et de l’usage problématique associé.