Les chiens et les humains ne partagent pas uniquement une grande amitié. Ils ont aussi de nombreux gènes en commun, dont ceux liés à l’obésité. Voici ce qu'ont découvert des chercheurs de l’université de Cambridge en étudiant des labradors.
Leurs travaux ont été publiés dans la revue Science le 6 mars 2025.
Des gènes liés à l’obésité similaires chez l’Homme et le chien
Les chercheurs ont réuni 241 labradors retrievers pour mieux comprendre l'origine de l'obésité canine. Ils ont alors mesuré leur taux de graisse corporelle et prélevé un échantillon de salive pour réaliser une analyse génétique. En comparant la corpulence du chien à son ADN, les scientifiques ont pu identifier des gènes liés à l'obésité canine. Cinq d’entre eux peuvent aussi être chez l’Homme. Les chercheurs sont particulièrement intéressés par celui qui est baptisé DENND1B. Ils ont remarqué que les toutous porteurs de cette variante génétique associée à l'obésité, avaient environ 8 % de graisse corporelle en plus que ceux qui ne l’avaient pas.
Dans un deuxième temps, l’équipe a vérifié si ce gène pouvait aussi être lié à l’obésité humaine. Et en effet, certaines personnes sont porteuses de ce gène, et elles présentent aussi un risque de problèmes de poids. L’étude montre également que le gène DENND1B affecte directement une voie cérébrale responsable de la régulation de l’équilibre énergétique dans le corps ou encore la faim, appelée voie leptine mélanocortine.
"Ces gènes ne sont pas des cibles immédiatement évidentes pour les médicaments de perte de poids, car ils contrôlent d’autres processus biologiques clés dans le corps avec lesquels il ne faut pas interférer. Mais les résultats soulignent l'importance des voies cérébrales fondamentales dans le contrôle de l'appétit et du poids corporel", précise Alyce McClellan co-premier auteur, dans un communiqué.
Obésité : le gène jouerait sur l’appétit
Quel est l’effet de ces gènes liés à l’obésité sur l’organisme ? Ils semblent agir sur l’appétit. "Nous avons constaté que les chiens présentant un risque génétique élevé d'obésité étaient plus intéressés par la nourriture", indique Natalie Wallis, co-auteur principal de l’étude. "Nous avons mesuré dans quelle mesure les chiens importunaient leurs maîtres pour obtenir de la nourriture et s’ils se montraient difficiles pour manger. Les animaux présentant un risque génétique élevé d’obésité, ont montré des signes d’appétit plus élevé, comme cela a également été démontré chez les personnes présentant un risque génétique élevé d’obésité", ajoute la spécialiste.
Autre découverte : les propriétaires qui contrôlaient strictement l'alimentation et l'exercice de leurs chiens parvenaient à empêcher la prise de poids, même ceux présentant un risque génétique élevé de devenir obèses. Toutefois, il fallait davantage d'attention et d'efforts pour que l’animal garde un poids santé.
"L’étude des chiens nous a montré quelque chose de vraiment puissant : les propriétaires de chiens minces ne sont pas moralement supérieurs. Il en va de même pour les personnes minces. Si vous avez un risque génétique élevé d’obésité, quand il y a beaucoup de nourriture disponible, vous avez tendance à trop manger et à prendre du poids, à moins que vous ne fassiez un effort énorme pour ne pas le faire", précise le Dr Eleanor Raffan qui a dirigé la recherche.
"Ces travaux montrent à quel point les chiens sont génétiquement similaires aux humains. L’étude des chiens nous a permis de nous concentrer sur ce gène particulier. Ce qui a permis une avancée majeure dans la compréhension de la manière dont notre propre cerveau contrôle notre comportement alimentaire et notre consommation d’énergie", conclut-elle.