- En France, le nouveau mode de calcul du Nutri-score n’est toujours pas appliqué alors qu’il l’est dans d’autres pays européens, comme en Allemagne.
- Ce nouveau Nutri-score, qui note toujours les produits alimentaires de A à E, sera plus sévère avec ceux très sucrés ou salés.
- Lors des questions au gouvernement devant le Sénat, ce mercredi 5 mars, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a dit ne pas avoir signé l’arrêté portant sur cette nouvelle version qu’elle juge trop sévère avec certains produits.
Le nouveau mode de calcul du Nutri-score est entré en vigueur il y a plus d’un an chez nos voisins allemands, belges ou suisses. En France, le processus réglementaire préalable à sa mise en application est toujours en cours. Mais pourquoi ?
Un Nutri-score trop sévère avec les produits issus de l'agriculture
Un élément de réponse a été apporté ce mercredi 5 mars, par la ministre de l’agriculture, Annie Genevard, lors des questions au gouvernement au Sénat. “L’arrêté est à ma signature. Je n’ai pas encore signé, je ne sais pas quelles sont mes marges de manœuvre pour en corriger les effets négatifs, mais croyez bien que je m’y intéresse de très près”. Même si cette nouvelle version du Nutri-score a été approuvée par les précédentes équipes gouvernementales, l’arrêté est bloqué par le refus de signer de la ministre de l’Agriculture.
Le nouvel algorithme du Nutri-score, actualisé avec les nouvelles connaissances scientifiques, note toujours les produits alimentaires de A à E. Mais il est, en effet, plus sévère avec les aliments sucrés et à forte teneur en sel, qui sont à risque pour la santé. Autrement dit, les produits ayant l’une ou l’autre de ces caractéristiques verront leur note baisser.
La ministre de l’Agriculture est en désaccord avec les scores que pourraient donc obtenir des produits "remarquables" du terroir ou issus des "magnifiques salaisons françaises", à l’instar du fromage ou de la charcuterie. Avant d’être ministre, Annie Genevard était députée du Doubs, département connu pour ses productions de Comté et de saucisses de Montbéliard ou de Morteau.
Les produits mal notés au Nutri-score, à consommer avec modération
La déclaration d’Annie Genevard est jugée "irresponsable" par l'association de défense des consommateurs Foodwatch. La ministre “se fait la porte-voix des arguments des lobbies laitiers et bloque une mesure de santé publique attendue et prête depuis un an", indique Audrey Morice, chargée de campagne chez Foodwatch, à l’Agence France Presse (AFP).
“Le Nutri-Score ne dit pas qu'il ne faut pas consommer les produits, il rappelle que certains produits qui sont très gras, très sucrés, très salés, doivent être consommés en petites quantités, pas trop fréquemment", ajoute Serge Hercberg, professeur de nutrition et concepteur du Nutri-score.
Ce vendredi 7 mars, Foodwatch, France Assos Santé et Réseau Action Climat ont adressé une lettre ouverte au Premier ministre François Bayrou : “nous vous demandons donc avec insistance d’envoyer un signal fort en demandant aux ministres concernés de signer sans plus attendre le décret sur le nouveau mode de calcul du Nutri-Score et en portant, au sein du gouvernement, le projet d’un Nutri-Score obligatoire en France”.
En effet, les entreprises n’ont actuellement pas l’obligation d’indiquer le Nutri-score sur leurs produits. Mais l’usage augmente chez les industriels depuis son entrée en vigueur, en 2017. En 2023, la part de marché estimée des marques engagées dans le Nutri-Score représentait 62% des volumes de ventes, selon le gouvernement.