38 millions. C’est le nombre de Français qui s’adonnent aux jeux vidéo. "Il était naturel de se questionner sur l’existence de vécus de troubles de l’audition", a indiqué l’Association Nationale de l’Audition. Pour la première fois, elle a ainsi demandé à l’Ifop de se pencher sur les risques auditifs liés aux jeux vidéo, pratiqués en famille, seul ou en ligne, qui touchent indifféremment tous les âges et toutes les conditions sociales. Dans le cadre d’une étude inédite, l’institut a interrogé un échantillon de 1.003 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus, du 30 janvier au 6 février 2025.
Jeux vidéo : des troubles auditifs constatés chez un pratiquant sur deux
Selon les données, les problématiques de santé auditive inquiètent modérément les répondants, car ils ne parviennent pas à établir le lien entre jeu vidéo et les conséquences sur l’audition. Pour preuve : bien que 79 % des Français rencontrent des situations de gêne auditive, dont 26 % régulièrement, seulement 39 % des joueurs se disent préoccupés par leur santé auditive. "Les joueurs avec son n’ont pas conscience d’être directement concernés : seuls 17 % estiment que leur pratique personnelle présente un risque pour leur audition." En revanche, 88 % et 77 % des adultes sondés reconnaissent plus volontiers que les sorties en boîte de nuit et en concert représentent un danger pour leurs oreilles.
Un joueur sur deux victime de gène auditive après une session
Si la plupart des joueurs sous-estime les répercussions auditives liées aux jeux vidéo, 50 % ont déjà été victime de gêne auditive à la suite d’une session de jeu avec son, dont 31 % régulièrement ou de temps en temps. Les patients les plus touchés sont ceux qui jouent plus de deux heures par session, ceux dont le volume moyen dépasse les seuils recommandés et ceux dont le volume maximal excède 7 sur 10.
Dans le détail, près d’un pratiquant jouant avec l’audio actif sur cinq affirme expérimenter au moins de temps en temps la sensation que ses oreilles sont bouchées (19 %), des difficultés à entendre les sons faibles (17 %). "19 % des répondants ont souffert d’une hyperacousie, un phénomène qui touche davantage les plus jeunes. (…) Enfin, 18 % déclarent avoir expérimenté au moins de temps en temps des bourdonnements, 12 % une perte d’audition temporaire."
L’action de prévention doit s’intégrer dès le plus jeune âge
Chez les joueurs, des efforts de prévention sont fournis, mais ces derniers sont encore trop limités. Face à ces résultats, l’Association Nationale de l’Audition souligne que la sensibilisation aux risques auditifs liés aux jeux vidéo doit être faite dès le plus jeune âge, plus précisément avant 15 ans, afin d’enrayer les "comportement ototoxiques." "Pour qu’une telle action existe, il s’agirait que les pouvoirs publics prennent la pleine mesure de l’existence des troubles de l’audition dans l’ensemble de la population et pas uniquement chez les personnes âgées. En l’absence de veille sanitaire, les données des surdités déclarées faussent les indicateurs permettant une prise de décision éclairée", a-t-elle conclu.