- Une nouvelle étude révèle que les microplastiques favorisent activement l’antibiorésistance, même sans présence d’antibiotiques.
- Des chercheurs ont exposé E. coli à différents types de microplastiques et constaté une résistance accrue à quatre antibiotiques en moins de 10 jours. Cette résistance persistait même après l’élimination des microplastiques.
- "Les microplastiques ne sont pas de simples transporteurs, mais des foyers d’évolution de l’antibiorésistance", selon les chercheurs.
Les microplastiques ne sont pas seulement des polluants environnementaux qui s’accumulent partout dans notre corps : ils jouent également un rôle actif dans le développement de la résistance aux antibiotiques. C'est la conclusion d'une nouvelle étude publiée dans Applied and Environmental Microbiology, une revue de l'American Society for Microbiology.
Les microplastiques réduisent l’efficacité des antibiotiques
"Lutter contre la pollution plastique n'est pas qu'un enjeu environnemental, c'est une priorité de santé publique essentielle dans la lutte contre les infections résistantes aux antibiotiques", affirment les chercheurs de l'Université de Boston, aux Etats-Unis, dans un communiqué. L'utilisation massive du plastique a entraîné une contamination globale des eaux usées, devenues un réservoir majeur de microplastiques. Parallèlement, l'antibiorésistance progresse à l'échelle mondiale, favorisée par divers facteurs environnementaux. Or les microplastiques sont bien connus pour abriter des communautés de microbes sur leurs surfaces, formant ce que les chercheurs appellent la "plastisphère".
Une résistance aux antibiotiques développée en moins de dix jours
Dans cette étude, les scientifiques ont cultivé des bactéries Escherichia coli sur différents types de microplastiques (polystyrène, polyéthylène et polypropylène) et de tailles variables pendant dix jours. Tous les deux jours, ils ont mesuré la quantité d'antibiotiques nécessaire pour inhiber la croissance des bactéries exposées, afin d'évaluer l'évolution de leur résistance.
Les chercheurs ont constaté que, quelle que soit la taille ou la concentration des microplastiques, ceux-ci favorisaient le développement d'une résistance aux antibiotiques en moins de dix jours. Les bactéries exposées présentaient une résistance accrue à quatre antibiotiques courants : ampicilline, ciprofloxacine, doxycycline et streptomycine. "Cela signifie que les microplastiques augmentent considérablement le risque d'inefficacité des antibiotiques contre diverses infections graves", préviennent les scientifiques.
Des foyers d'évolution de l'antibiorésistance
Fait encore plus inquiétant : la résistance induite par les microplastiques s'est avérée stable et persistante, même après l'élimination des microplastiques et des antibiotiques. Cela suggère que ces polluants peuvent sélectionner des bactéries dotées de caractéristiques génétiques ou phénotypiques favorisant la résistance, indépendamment de la présence d'antibiotiques.
"Nos résultats démontrent que les microplastiques [et en particulier le polystyrène] favorisent activement l'émergence de l'antibiorésistance, même en l'absence d'antibiotiques, soulignent les chercheurs. Cela remet en cause l'idée selon laquelle les microplastiques seraient de simples transporteurs passifs de bactéries résistantes. Ils constituent en réalité des foyers d'évolution de l'antibiorésistance."