- En République Tchèque, une étude démontre une baisse du taux de fécondité depuis la fin de la pandémie de Covid-19.
- Des internautes ont conclu à un effet secondaire des vaccins, responsables d’une baisse de la fertilité.
- Or, cette étude démographique n'a pas analysé les effets biologiques des vaccins sur la fertilité.
Cinq après son apparition, la Covid-19 continue de susciter le débat. Récemment, une étude parue dans Genus a déclenché de vives réactions. Sur les réseaux sociaux, certains affirment que ses résultats montrent que les vaccins contre le virus peuvent avoir une incidence sur la fertilité. Or, ces travaux démographiques illustrent les impacts sociaux de la vaccination sur la natalité, mais ils ne constituent pas une analyse biologique des liens entre le vaccin et la fertilité.
Covid-19 : une fécondité en évolution au cours de la pandémie
"À l'instar des pays d'Europe du Nord, la République Tchèque a connu une évolution inattendue de sa fécondité pendant la pandémie de Covid-19, précisent les auteurs de l’étude en introduction. La fécondité en République Tchèque a augmenté entre 2020 et 2021, passant de 1,76 enfant par femme à 1,83." Puis, sur la période suivante, soit 2021 - 2022, le taux a chuté à 1,62 enfant par femme. "Le principal changement survenu entre 2020 et 2021, et qui aurait eu un impact sur la fécondité un an plus tard, concerne la vaccination contre la Covid-19", relèvent les auteurs. De fait, les campagnes de vaccination ont démarré à partir du début de l’année 2021. Les scientifiques tchèques rappellent qu’elles ont été particulières avec une ampleur importante et des délais très courts compte tenu de la propagation du virus. "Outre le degré important d'incertitude quant à la pertinence de la vaccination pour les femmes enceintes, la vaccination a été perçue comme un facteur susceptible de modifier significativement les projets de procréation des femmes à court terme et, par conséquent, d'exercer un impact significatif à court terme sur les taux de natalité et les indicateurs de fécondité", estiment les auteurs. Concrètement, ils se sont intéressés aux effets de cette campagne de vaccination sur les projets de grossesse. "Cette étude modélise l'impact potentiel maximal de la vaccination sur la fécondité en supposant que toutes les femmes vaccinées ont choisi d'éviter une grossesse le mois de leur vaccination", développent-ils.
Taux de fécondité : comment expliquer la baisse consécutive à la pandémie de Covid-19 ?
Selon leurs conclusions, il est "raisonnable de supposer que l'hypothèse concernant l'évitement de la conception au cours du mois de la première ou de la deuxième dose de vaccination fournit un mécanisme valable pour expliquer la baisse du nombre de naissances au cours de cette période". Pour l’année 2022, d’autres facteurs peuvent expliquer la diminution des naissances, dont l’inflation et le début de la guerre en Ukraine. Dans une interview au média tchèque CT24, Jitka Slabá, autrice principale de l’étude, rappelle que le déclin des naissances est aussi lié à des modifications de l'échelle des valeurs, dont certaines peuvent avoir un impact sur la planification de la parentalité. Sollicité par l'Agence France Presse, la spécialiste a souligné que ces différences de taux peuvent s'expliquer par "une simple décision rationnelle d'une femme d'éviter une grossesse pendant la période de vaccination". "Cela ne dit certainement pas que la vaccination affecte la capacité biologique d'avoir un enfant", rappelle-t-elle.
Le vaccin contre la Covid-19 n’a pas d’effet biologique sur la fertilité
Depuis l’apparition du virus et des vaccins, plusieurs études se sont intéressées aux effets sur la fertilité. "Le corpus croissant de données ne montre aucun effet indésirable des vaccins anti-Covid-19 sur la fertilité ou l’aptitude à concevoir, rappelle l’Organisation mondiale de la Santé. Dans les essais cliniques des vaccins contre la Covid-19 et selon une vaste étude prospective auprès de couples essayant de concevoir un enfant, les taux de fécondité étaient identiques pour les personnes ayant reçu un vaccin contre la Covid-19 et pour les non-vaccinées."