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Sommeil

Plus on dort mal, plus on croit aux théories du complot

Par Stanislas Deve

Une étude britannique révèle que la mauvaise qualité du sommeil accroît la tendance à croire aux théories du complot, la dépression jouant probablement un rôle clé dans cette relation.

gorodenkoff / istock
Une étude britannique révèle que la mauvaise qualité du sommeil accroît la croyance aux théories du complot, la dépression jouant probablement un rôle clé dans cette relation.
Menée sur plus de 1.000 participants, elle montre que ceux ayant un sommeil perturbé adhèrent plus aux récits conspirationnistes, notamment après exposition à des contenus trompeurs. L'insomnie et la paranoïa jouent également un rôle.
Selon les chercheurs, améliorer la qualité du sommeil pourrait renforcer l’esprit critique et limiter la diffusion de ces croyances.

"Les théories du complot affirment que certains groupes puissants et secrets agissent dans leur propre intérêt, au détriment de la société et du collectif. Ces croyances peuvent avoir de graves conséquences, telles que la remise en cause de la vaccination, le scepticisme face au dérèglement climatique et la méfiance vis-à-vis des politiques."

Une nouvelle étude de l'Université de Nottingham, en Angleterre, met en lumière un lien troublant entre la qualité du sommeil et la fâcheuse tendance à croire aux théories du complot. D’après les travaux publiés dans le Journal of Health Psychology, un sommeil perturbé augmenterait la vulnérabilité aux discours conspirationnistes. Un effet qui serait en partie médié par la dépression.

Le mauvais sommeil nourrit les croyances complotistes

Afin d'examiner cette corrélation, les chercheurs de l'école de psychologie de Nottingham ont mené deux études sur plus de 1.000 participants afin d'examiner cette corrélation. La première, réalisée sur 540 individus, a commencé par une évaluation standardisée de la qualité de leur sommeil. Ils ont ensuite lu un article sur l'incendie de la cathédrale de Notre-Dame de Paris : certains ont été exposés à un récit factuel attribuant l'incendie à un accident, d'autres à une version conspirationniste suggérant un complot. Résultat ? Ceux ayant un sommeil de mauvaise qualité étaient plus enclins à adhérer à la version complotiste.

Le rôle de la dépression et de l'insomnie

Dans une seconde étude impliquant 575 participants, les chercheurs ont approfondi les mécanismes sous-jacents reliant le sommeil aux croyances conspirationnistes. Les analyses ont révélé que l'insomnie et la mauvaise qualité du sommeil étaient positivement associées à l'adhésion aux théories du complot, avec la dépression jouant un rôle clé dans cette relation. L'angoisse et la paranoïa ont également été identifiées comme des facteurs contributifs, bien que de manière moins systématique.

Le Dr Daniel Jolley, professeur de psychologie sociale et responsable de l'étude, souligne l'importance du sommeil pour préserver sa santé mentale et ses capacités cognitives. "Il a été démontré qu’un sommeil de mauvaise qualité accroît les risques de dépression, d'anxiété et de paranoïa, autant de facteurs qui favorisent l'adhésion aux théories du complot", explique-t-il dans un communiqué. Ces découvertes suggèrent qu’à l’inverse, l'amélioration de la qualité du sommeil pourrait limiter la propagation des croyances conspirationnistes en aidant les personnes à développer un esprit critique plus affûté et à résister aux discours trompeurs.