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Déclin cognitif

Avoir souvent "un mot sur le bout de la langue" serait-il un signe d’Alzheimer ?

Par Mégane Fleury

Notre façon de parler pourrait indiquer notre risque de déclin cognitif ou de maladie d'Alzheimer. Selon une étude récente, la vitesse de parole est associée à certaines fonctions cognitives. 

Photo ISTOCK
La manière dont nous parlons peut être un indicateur de risque de déclin cognitif.
Selon une récente étude, la vitesse de parole est liée à nos fonctions cognitives.
Cette découverte pourrait permettre de mettre au point des outils de détection précoce du déclin cognitif.

Notre façon de parler serait un indicateur de santé. Dans une étude parue dans Aging, Neuropsychology and Cognition, des chercheurs canadiens démontrent que le langage et la manière de l’exprimer peuvent permettre de détecter des signes de déclin cognitif et de maladie d’Alzheimer. 

Des tests pour comprendre les liens entre parole et déclin cognitif 

Ils ont recruté 125 personnes âgées de 18 à 90 ans, toutes en bonne santé. Elles ont participé à trois tests. Le premier consistait à nommer des images, dans lequel les participants devaient répondre à des questions sur ces illustrations tout en ignorant les mots entendus au casque. "Par exemple, lorsqu'ils regardaient l'image d'une serpillière, on pouvait leur demander : ‘Est-ce que ça finit par un 'p' ?’ tout en entendant le mot ‘balai’ comme distraction", indiquent les scientifiques. Le deuxième examen avait pour objectif d’analyser leurs performances linguistiques. Ils ont été enregistrés pendant qu'ils décrivaient deux images complexes, pendant 60 secondes. À l’aide d’une intelligence artificielle, les chercheurs ont examiné leur vitesse de parole et le nombre de pauses réalisées par chacun des participants. La difficulté à trouver ses mots, ceux que l'on dit avoir "sur le bout de la langue" est en effet mieux repérée avec le traitement par IA du langage naturel. Le dernier examen était destiné à évaluer leurs fonctions exécutives, c'est-à-dire la capacité à gérer des informations contradictoires, à rester concentré et à éviter les distractions. Ces fonctions ont tendance à décliner avec l’âge. 

Déclin cognitif : la vitesse de parole est un indicateur   

Les scientifiques canadiens ont observé, sans surprise, que de nombreuses capacités déclinaient avec l'âge, notamment la vitesse de recherche des mots. "Étonnamment, bien que la capacité à reconnaître une image et à se souvenir de son nom se soit détériorée avec l'âge, cela n'était pas associé à un déclin des autres capacités mentales", notent-ils. Le nombre et la durée des pauses prises par les participants pour trouver leurs mots n'étaient pas non plus liés à la santé cérébrale. "En revanche, la vitesse à laquelle les participants pouvaient nommer les images prédisait leur vitesse de parole en général, et ces deux facteurs étaient liés aux fonctions exécutives, concluent-ils. Autrement dit, ce n'était pas la pause pour trouver les mots qui était le plus fortement liée à la santé cérébrale, mais la vitesse de parole entourant les pauses." Ces variations de la vitesse de parole pourrait être un indicateur de changements cérébraux. 

Déclin cognitif et démence : de futures interventions pour améliorer la santé cérébrale ?

L’équipe espère pouvoir mener d’autres études pour déterminer si la vitesse de parole est réellement prédictive de la santé cérébrale. "À leur tour, ces résultats pourraient soutenir le développement d’outils permettant de détecter le déclin cognitif le plus tôt possible, permettant aux cliniciens de prescrire des interventions pour aider les patients à maintenir, voire à améliorer, leur santé cérébrale à mesure qu’ils vieillissent", indiquent les auteurs.