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La nostalgie rendrait plus fidèle en amitié

Par Sophie Raffin

Les personnes nostalgiques sont plus douées pour garder leurs amis, ce qui est une bonne chose, car un tissu social fort réduit les risques de nombreuses maladies comme la dépression et les troubles cognitifs.

bernardbodo/istock
Les personnes nostalgiques ont plus d’amis proches.
Elles font aussi plus d'efforts pour entretenir leurs relations.
Or, il a été démontré par de nombreuses études antérieures qu'avoir des relations sociales importantes aide à garder une bonne santé.

Si vous vous souvenez avec tendresse de votre scolarité, de votre première expérience professionnelle ou de vos dernières vacances, c’est une bonne chose. Une étude publiée dans la revue Cognition and Emotion révèle que les personnes de nature nostalgique ont plus d’amis proches et font plus d’efforts pour entretenir leurs amitiés et leurs relations que les personnes moins sentimentales.

Et c’est une bonne chose puisque avoir des relations sociales étroites et fréquentes est essentielle à la santé et au bien-être.

Plus on est nostalgique plus, plus on garde ses amis

Pour évaluer l’impact de la nostalgie sur les personnes, l’équipe a suivi près de 1.500 volontaires vivant aux États-Unis et en Europe dans le cadre de 3 expériences distinctes. Pour la première, un groupe d’étudiants de premier cycle aux États-Unis a évalué leur degré de nostalgie et sur leurs amitiés grâce à des questionnaires. Ils étaient entre autres interrogés sur le nombre de fois qu’ils se sentaient nostalgiques, sur leur motivation à se faire de nouveaux amis et à entretenir leurs amitiés existantes et sur le nombre de personnes qui composaient leur cercle social. L’analyse de leurs réponses a montré que les participants qui se disaient nostalgiques accordaient également plus d’importance au maintien de leurs amitiés et leurs relations étaient aussi plus étroites.

Le second volet de l’étude s’est concentré sur des adultes dans la vie active. La moyenne d’âge était de 40 ans. Ils avaient un réseau social plus restreint que celui des jeunes. Ils comptaient en moyenne cinq personnes très proches et environ 14 autres personnes qui comptaient encore pour eux.

"Encore une fois, ceux qui étaient nostalgiques avaient tendance à faire plus d’efforts pour entretenir leurs amitiés et avaient les amitiés et autres relations les plus étroites. C’était le cas indépendamment d’autres traits de personnalité, comme l’extraversion", remarquent les auteurs dans leur communiqué.

La nostalgie augmenterait avec l'âge

La troisième recherche a utilisé les données d’une enquête néerlandaise baptisée Longitudinal Internet Studies for Social Sciences (LISS). Les données montrent que les participants devenaient plus nostalgiques avec l'âge. Interrogés en 2013, ils présentaient une note moyenne de 3,95/7 pour la nostalgie. Six ans plus tard, elle était de 4,21. Les volontaires avaient un score « élevé » ou « moyen » avaient conservé le même nombre de liens sociaux forts (c’est-à-dire des personnes avec lesquelles ils pouvaient parler de sujets importants) au cours de cette période. En revanche, ceux qui étaient peu nostalgiques avaient 18 % de relations proches en moins.

Les nostalgiques sont plus conscients de l'importance de leurs relations

En compilant l’ensemble de ces résultats, les chercheurs concluent que le fait d’être de nature nostalgique conduit à faire davantage d’efforts pour garder des liens avec ses proches. "Les personnes qui ressentent plus souvent de la nostalgie et qui chérissent ces souvenirs sont plus conscientes de l'importance de leurs relations et de la nécessité de les entretenir", explique le chercheur Kuan-Ju Huang de l'Université de Kyoto au Japon. "Cela signifie que ces amitiés ont plus de chances de durer, même avec l'âge et l'évolution de nos vies, de nos centres d'intérêt et de nos responsabilités."

Une très bonne chose puisque, comme le rappellent le scientifique et ses collègues, "des études antérieures ont montré que les personnes ayant des amis et des confidents sont plus heureuses et moins sujettes à la dépression. Elles sont également moins susceptibles de mourir prématurément. Entretenir des liens forts avec les autres constitue également un soutien précieux dans les moments difficiles".