Près de 400 greffes de cœur sont réalisées chaque année en France. Elles permettent d’améliorer la survie de patients atteints d’insuffisance cardiaque. Mais certains attendent des années avant de pouvoir en bénéficier, avec le risque de décéder avant l’opération. Cela pourrait changer à l’avenir grâce à un cœur mécanique en titane. Développé par l’entreprise BiVACOR, il a permis à un patient australien de survivre jusqu’à sa greffe, soit 105 jours.
Première mondiale : un patient survit plus de cent jours à la transplantation d'un cœur artificiel
L’opération a eu lieu en novembre à Sydney, en Australie. Il a fallu six heures pour que les médecins implantent ce cœur mécanique chez ce patient atteint d’insuffisance cardiaque grave. À ABC news, Paul Jansz, le chirurgien qui a effectué l’opération, confie avoir eu la "chair de poule". "Il y avait forcément de la tension, surtout lorsque Daniel [Timms, qui a inventé BiVACOR] a pris l'interrupteur et l'a allumé [le cœur artificiel]", a-t-il déclaré.
Une autre implantation avait été réalisée en juillet 2024, mais aucun patient n’avait jamais pu quitter l’hôpital avec le BiVACOR. Début février, le patient australien a pu sortir de l’hôpital. Puis, plus de cent jours après l’opération, il a reçu une greffe de cœur. Selon un communiqué de l’hôpital St-Vincent, où la chirurgie a été réalisée, l’homme se rétablit bien.
Un cœur artificiel conçu pour ne pas "s'user"
Pour Paul Jansz, le cœur mécanique est le "Saint-Graal" en matière de chirurgie cardiaque, car il ne peut pas être rejeté par l’organisme, ni dysfonctionner. Ce dispositif pèse seulement 650 grammes et fonctionne grâce à un moteur, dont le mécanisme particulier ne peut pas s’user. Des aimants sont utilisés afin d’éviter tout frottement, et donc toute usure, entre les pièces. L’appareil est alimenté grâce à une batterie externe, via un fil placé dans la poitrine du patient. Son autonomie est de quatre heures. À terme, les créateurs du système espèrent mettre au point un système de recharge sans fil.
Transplantation cardiaque : un dispositif provisoire amené à devenir pérenne
"Initialement développé comme un pont vers la transplantation, la vision à long terme de cet appareil est de servir de remplacement permanent pour un cœur humain", précise le communiqué de l’hôpital St-Vincent. Chris Hayward, cardiologue au sein de l’établissement de santé, estime que ce cœur artificiel BiVACOR pourrait devenir une alternative pour les patients qui ne peuvent pas attendre un cœur de donneur, ou lorsqu'un cœur de donneur n'est tout simplement pas disponible. "Un quart des personnes en attente d'une greffe décèdait, précise le Dr Jansz. C’est désormais en train de changer grâce à des dispositifs comme celui-ci."