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"Erreur médicamenteuse" : on lui injecte un sédatif au lieu de son traitement et il meurt

Par Geneviève Andrianaly

Dans le Jura, un septuagénaire, présentant des problèmes cardiaques, est décédé après qu’une infirmière se soit trompée lors de sa prise en charge et lui a administré un sédatif au lieu d’un médicament pour le cœur.

gorodenkoff/iStock
Au centre hospitalier Louis-Pasteur de Dole, une infirmière a injecté un mauvais sédatif à un homme de 74 ans souffrant d’arythmie.
"Mon mari a fait un arrêt cardiaque et s'est retrouvé plongé dans le coma", selon la femme du patient.
Onze jours plus tard, il est décédé. À la suite de sa mort, plusieurs enquêtes ont été ouvertes.

"On me l’a tué." Ce sont les mots prononcés par la femme d’un homme de 74 ans, qui est mort des suites d’une erreur de prise en charge au centre hospitalier Louis-Pasteur de Dole (Jura), selon Le Progrès. Tout a commencé le 26 février, le patient s’est rendu aux urgences de l’établissement afin de bénéficier d’une nouvelle ordonnance pour son arythmie, à savoir une variation du rythme cardiaque sans raison apparente. "Son cœur battait un peu vite : 150 pulsations/minute." En l’absence de son médecin, une infirmière s’est occupée de lui. Elle "s'est trompée d'ampoule et a injecté un sédatif. Mon mari a fait un arrêt cardiaque", a expliqué l’épouse du septuagénaire. 

"L'hypothèse d'une erreur d'administration de médicament par un personnel des urgences est privilégiée"

Rapidement, "son état s'est détérioré et s'est retrouvé plongé dans le coma." Réanimée et stabilisée une première fois, il a été transféré vers l'unité de réanimation du CHU de Besançon, mais quelques jours plus tard, plus précisément le 10 mars, il est mort. "En l'état des investigations menées en interne, l'hypothèse d'une erreur d'administration de médicament par un personnel du service des urgences est privilégiée", a écrit la direction de l'hôpital de Dole dans un communiqué envoyé au journal Le Progrès et à France 3 Franche-Comté. Dans un e-mail, stipulant "une erreur médicamenteuse", les salariés avaient été rapidement informés de la situation. "Une infirmière s'est trompée dans l'injection d'un produit."

"Urgences bondées" : "le système ne place pas les professionnels dans les bonnes conditions"

À la suite de ce drame, qui a choqué pour l’équipe médicale, l’infirmière été invitée à rester chez elle. L’hôpital de Dole a lancé une enquête administrative pour "d'établir les causes organisationnelles et les responsabilités individuelles à l'origine de cet événement grave", qui a été signalé auprès de l’Agence Régionale de la Santé. Dans les prochains jours, une commission interne à l’établissement se réunira pour statuer sur cette affaire et le devenir de l'infirmière. D’après une source interne au centre hospitalier, contactée par France 3 Franche-Comté, "en décembre, janvier et février, cinq infirmières ont dû faire face à des urgences bondées, à une accumulation de patients dans les couloirs. Cela n'excuse rien, mais le système ne place pas les professionnels dans les bonnes conditions physiques et mentales. Cela a pu influer sur cette erreur."

Une enquête pour "homicide involontaire" ouverte

En colère et triste, la veuve a porté plainte contre l’hôpital Louis-Pasteur de Dole. "Je repense à tout ce que nous aurions pu faire, et que nous ne ferons pas. Il était en bonne santé, rien d’un impotent dans un fauteuil. Il aurait dû vivre", a-t-elle confié au Progrès. "La situation est terrible. Pour la veuve et sa famille, déjà. On comprend leur douleur, leur tristesse et leur colère. On pense également à cette infirmière qui a aussi vu sa vie basculer", a déclaré une source interne au centre hospitalier. En parallèle, la procureure de la République près du tribunal judiciaire de Lons-le-Saunier, Julie Fergane-Tauzy, a indiqué avoir ouvert une enquête pour "homicide involontaire" confiée au commissariat de police de Dole.