- Une étude nuance le lien entre activité physique et longévité : si passer d’un mode de vie sédentaire à une activité modérée réduit la mortalité de 7 %, une pratique intense ne semble pas offrir d’avantage supplémentaire sur le long terme.
- Le vieillissement biologique suit une courbe en U : il est accéléré chez les sédentaires comme chez les très actifs.
- L'effet du sport sur la longévité est plus complexe que prévu : il ne s'agit pas seulement de "bouger plus", mais plutôt de trouver un équilibre entre activité modérée et autres habitudes de vie saines.
L'activité physique est souvent présentée comme un facteur clé de la longévité, mais une étude finlandaise, parue dans la revue Medicine & Science in Sports & Exercise et dans l'European Journal of Epidemiology, révèle que ce lien est plus nuancé qu'on ne le pensait. Pour mieux l’examiner, des chercheurs de l'Université de Jyväskylä ont analysé les données de 22.750 jumeaux finlandais nés avant 1958, en suivant leurs habitudes sportives entre 1975 et 1990, puis leur mortalité jusqu'en 2020.
L'activité d’intensité modérée, le meilleur compromis
Les scientifiques ont identifié quatre groupes selon leur niveau d’activité physique : sédentaires, modérément actifs, actifs et très actifs. Les résultats montrent que les plus grands bénéfices en termes de longévité concernent la transition du mode de vie sédentaire à une activité modérée : cela permet de réduire le risque de mortalité de 7 %.
En revanche, une activité plus intense ne semble pas offrir d'avantage supplémentaire : dans une analyse à court terme, une activité physique élevée était associée à un risque de mortalité réduit, mais sur le long terme, les individus très actifs ne présentaient pas de différence significative par rapport aux sédentaires. D’après les experts, cela pourrait s'expliquer par la présence de maladies sous-jacentes qui limitent l'activité et augmentent le risque de décès, plutôt que par l'absence d'exercice en soi.
Faut-il vraiment respecter les recommandations de l'OMS ?
Les chercheurs ont également étudié l'impact du respect des recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui préconisent 150 à 300 minutes d'activité modérée ou 75 à 150 minutes d'activité intense par semaine. Surprise : le fait de suivre ces recommandations n'a pas permis de réduire le risque de mortalité ni de modifier la prédisposition génétique aux maladies cardiovasculaires. "Même parmi les jumeaux dont l'un était plus actif que l'autre, aucune différence significative de mortalité n'a été observée, précise un communiqué. Cela remet en question l'idée que l'exercice réduit directement la mortalité."
Un vieillissement biologique en forme de U
Les scientifiques ont enfin examiné le lien entre activité physique et vieillissement biologique à l'aide d'horloges épigénétiques, qui mesurent les modifications de l'ADN associées au vieillissement. Les résultats montrent une relation en forme de U : le vieillissement biologique était accéléré chez les personnes très sédentaires, mais aussi chez les plus actifs. A noter également que les données génétiques de près de 5.000 jumeaux ont montré que la prédisposition aux maladies cardiovasculaires n'était pas atténuée par une activité physique régulière.
Si cette étude ne remet pas en cause les bienfaits de l'exercice pour la santé, notamment en termes de bien-être mental et de prévention des maladies chroniques, elle suggère toutefois que l'effet sur la longévité est plus complexe que prévu. Il ne s'agit pas seulement de "bouger plus", mais plutôt de trouver un équilibre entre activité physique (à petites doses régulières) et autres habitudes de vie saines (alimentation équilibrée, sommeil de qualité, pas de tabac...).